Régression
|d’Alejandro Amenábar, 2015, ****
Qu’est-ce que l’inconscient collectif ? Le marketing a tendance à utiliser l’expression pour toutes les idées reçues largement répandues. Mais au départ, c’est un concept psychanalytique : l’équivalent pour une société de l’inconscient de l’individu, l’endroit où se masquent tout à la fois les représentations sous-jacentes qui modèlent la perception du monde et le refoulement des pulsions.
Qu’est-ce que la régression ? C’est le fait, pour un esprit, de retourner à un état précédent. Une théorie dit qu’il serait possible de l’utiliser pour retrouver des souvenirs refoulés, en plaçant un humain sous hypnose pour lui faire revivre des événements passés.
Le petit soucis, c’est quand on a besoin de souvenirs refoulés au cours d’une enquête sur une sombre affaire de viols sur mineure. Dans ce qui sort de la régression sous hypnose, qu’est-ce qui tient du souvenir réel, et qu’est-ce qui est une création générée par l’inconscient collectif, les questions des enquêteurs et le mental de la personne interrogée s’entraînant mutuellement pour reconstruire une vérité artificielle ?
Régression n’est probablement pas le thriller psychologique de l’année, en particulier par la faute de personnages un peu trop stéréotypés. Mais il est assez bien construit, en faux-semblants successifs, avec quelques retournements annoncés mais pas trop téléphonés quand même. L’image est agréable, avec un bon travail sur les décors et l’éclairage, et l’ambiance pesante aide à suivre les doutes des personnages — ou pire, leurs certitudes. Et les acteurs sont généralement excellents, même si Emma Watson a déjà fait mieux en d’autres occasions.
L’ensemble est donc un assez bon polar, qui manque un poil d’originalité mais se regarde avec un certain plaisir.