The last ship
|série qui prend l’eau de Hank Steinberg et Steven Kane, depuis 2014
Bonne nouvelle : la série comique post-apocalyptique du moment est sortie. Mauvaise nouvelle : il faut avoir des notions de technique et d’organisation militaire pour saisir tout son potentiel comique.
Certaines des blagues les plus hilarantes reposent en effet sur une réflexion technique, comme lorsque des marins font deux relèvements à partir du même point pour « trianguler » la position d’un émetteur. Idem lorsque, dans un destroyer en mode silencieux où tout le monde doit chuchoter pour ne pas révéler sa position au sous-marin ennemi, on se permet de faire tourner un hélicoptère sans problème. Et à propos d’hélicoptère, j’ai beaucoup aimé ce gag récurrent du Sea Hawk qui disparaît mystérieusement quand le commandant décide de réunir tout le monde sur le pont d’envol — sachant que son hangar est squatté par un labo médical. Plus grand public, peut-être, cette faribole indémodable du navire qui avance à 12 nœuds, qui doit franchir 1/2 mille pour se mettre à l’abri et qui met plus de dix minutes à y parvenir (notez, je cite de tête, j’ai la flemme de rechercher dans quel épisode c’était pour retrouver les chiffres exacts).
Mais le vrai truc marrant dans The last ship, c’est surtout que la série est profondément sérieuse, de bout en bout. En théorie, dans l’esprit de ses créateurs, je veux dire. Ils ont voulu faire L’odyssée version post-apocalyptique, ils m’ont presque autant fait marrer que The last man on Earth. Leur version du sérieux héroïque et émouvant est en effet d’empiler une série de clichés hallucinante, de ne jamais chercher la moindre once d’originalité et d’annoncer tous leurs retournements deux minutes à l’avance : même pour la petite surprise de la lieutenant enceinte du commando, le spectateur le plus distrait est prévenu par ses nausées récurrentes dans les scènes précédentes — qui, curieusement, ne mettent la puce à l’oreille de personne, ni collègues, ni toubib, ni même la principale intéressée, quand bien même elle explique qu’elle n’avait jamais eu le mal de mer.
Et puis, il y a ces dialogues à mourir de rire, à base de patriotisme gluant, de « great nation » et de sacrifice héroïque, servis avec cette voix profonde, cette mâchoire carrée et cette absence totale d’émotion qui caractérise les militaires de séries américaines et les acteurs déplorables. Dans tout le casting, je n’ai trouvé qu’une personne qui ait fait quelque chose de bien à un moment donné, c’est Adam Baldwin, et vu que c’était Full metal jacket quand il avait 25 ans, on peut penser que c’était un accident de jeunesse. Nous avons donc affaire à un très bel ensemble d’acteurs de navets et de séries pourries, avec des premiers rôles connus pour Underworld 3 et Beowulf ou pour Gray’s anatomy.
Un bon point ? Oui, si on veut : la série bénéficie de moyens considérables et de la participation active de la marine américaine. On aurait apprécié que celle-ci relise les dialogues, notamment pour les parties techniques ; mais elle a tout de même fourni un destroyer et tout le matériel qui va avec, c’est déjà pas mal. Du coup, les effets spéciaux sont plutôt bons, les scènes d’action sont vives et bien montées, c’est efficace à défaut d’être original.
Dans l’ensemble, après avoir lu toute cette critique, un nom doit spontanément vous venir à l’esprit. Je vous vois, vous vous dites : « ça ressemble à un bon gros Michael Bay qui tache ». Et bien figurez-vous que c’est pas un hasard : Michael Bay est producteur délégué.