Chappie
|de Neill Blomkamp, 2015, *
Neill a un problème. Son premier film, pensé comme une série B de science-fiction formant une métaphore de l’apartheid, a été un succès inattendu qui a profité d’un fort écho international. Du coup, il s’est vu en héraut des causes sociales et nous a pondu un machin lourdingue dont le message anti-raciste est asséné avec la finesse de Guy Carlier parlant de Julien Lepers. Ce deuxième film ayant montré qu’il n’y a pas besoin d’être bon pour faire des bénéfices, mais s’étant généreusement fait démolir par la critique, Neill s’est dit qu’il allait alléger un peu la symbolique politique pour se concentrer sur l’aspect social.
Voici donc Chappie, l’histoire du premier robot qui pense. Et qui, parce que sinon c’est pas drôle, va grandir chez les cailleras de Johannesburg au lieu de la calme sérénité d’un labo, suite à un enchaînement de coïncidences à faire pâlir un auteur de romans de gare. Du coup, le film joue sur l’opposition entre un robot gentil qui pense et des humains teigneux qui pensent pas, et sur la naïveté du robot-enfant face à un univers de bandits.
Si la réalisation est soignée, Chappie souffre d’une faiblesse majeure qui, à ce stade, devient franchement coupable : il est niais. Complètement, totalement. Pas seulement le personnage, mais tout le film, qui repose sur des fondations d’une naïveté achevée, utilise des ressorts éculés et pose la question de l’intelligence artificielle avec moins de subtilité que C‑3PO. Le résultat est aussi maladroit que Short circuit, mais en moins comique et avec en plus un je-ne-sais-quoi de prétentieux où les auteurs semblent convaincus d’avoir fait un truc intelligent et symbolique.