Whiplash

de Damien Chazelle, 2014, ****

On peut voir Whiplash de deux façons.

La pre­mière, c’est l’his­toire d’un jeune homme ambi­tieux prêt à tout pour convaincre une sorte de ser­gent-ins­truc­teur sadique et violent qui ne recule devant rien pour faire cra­quer ses élèves.

La seconde, c’est l’his­toire d’un jeune bat­teur talen­tueux pris sous l’aile d’un pro­fes­seur éli­tiste ne tolé­rant que l’ex­cel­lence et prêt à tout pour révé­ler le pro­chain génie du jazz.

Les deux points de vue se tiennent et, selon sa sen­si­bi­li­té et son vécu, c’est sans doute à chaque spec­ta­teur de se faire son opi­nion : le film évite au fond tout juge­ment défi­ni­tif, pré­fé­rant se concen­trer sur son por­trait d’une quête de la per­fec­tion à tout prix qui rap­pelle un peu les sacri­fices des spor­tifs de haut niveau.

Le film est excel­lem­ment mené, le mon­tage est superbe, les acteurs sont majes­tueux – avec bien enten­du une men­tion spé­ciale pour J.K. Simmons ; ajou­tez une réa­li­sa­tion pre­nante, trash quand il faut (les gros plans sur les doigts d’un bat­teur en fin d’exer­cice ont été accom­pa­gnés de réac­tions que je n’a­vais plus enten­dues depuis les pieds de la dan­seuse dans Black swan, et j’ai cru un moment qu’une fille der­rière moi allait par­tir ou vomir tel­le­ment elle hoque­tait bien), et l’en­semble est une réus­site presque complète.

Presque ?

Oui, presque. Whiplash a un défaut notable : le manque d’o­ri­gi­na­li­té, au point que si quel­qu’un avait mis le film en pause après dix minutes pour ouvrir les paris sur la suite, j’au­rais eu tout bon. Le scé­na­rio est d’un clas­si­cisme ache­vé et ne cherche jamais à se démar­quer des autres his­toires sur ce thème. Reste que la réa­li­sa­tion et les per­for­mances d’ac­teurs com­pensent ample­ment pour scot­cher effi­ca­ce­ment le spec­ta­teur et que l’on passe dans l’en­semble un vrai bon moment.