2つ目の窓¹

de Naomi Kawase, 2014, ****

Ça com­mence comme un polar, avec un cadavre récu­pé­ré dans un port. Mais cette impres­sion ne dure pas : ce corps n’est là que pour nous ame­ner à Kaito, pre­mier à l’a­voir vu, qui n’a rien dit à per­sonne et a pré­fé­ré par­tir sans attendre, quitte à poser un lapin à Kyōko.

Au fond, le film raconte juste un moment char­nière dans la vie de ces deux ado­les­cents, celui où Kaito, fils unique à l’hu­meur égale, com­mence à juger sa mère (qui a quit­té son père et l’é­lève seule, qui tra­vaille tard et le laisse se débrouiller toute la soi­rée…), où Kyōko, fille unique gaie et joueuse, doit se rési­gner à la mort pro­chaine de la sienne, et où ils se découvrent l’un l’autre avec les enthou­siasmes, les doutes et les incom­pré­hen­sions que cela suppose.

Mais c’est bien pho­to­gra­phié (et les îles Amami, y’a pire comme décor), ça reven­dique avec suc­cès une cer­taine forme de natu­ra­lisme (le grand-père qui passe sa vie sur la plage, le père qui s’as­sure que la mère puisse voir le banian cen­te­naire du jar­din, ou le temps que Kyōko passe dans la mer), c’est doux, tendre et apai­sant, c’est un agréable hom­mage à la vie et, mal­gré quelques len­teurs et une ou deux scènes exa­gé­rées, on se prend à s’at­ta­cher à cette his­toire sub­tile de gens simples qui gardent une forme de déli­ca­tesse même quand ils égorgent une chèvre.

¹ Le comi­té anti-tra­duc­tions foi­reuses, fidèle à son prin­cipe « soit tu tra­duis, soit tu tra­duis pas », décon­seille le titre anglo­phone Still the water uti­li­sé par la dis­tri­bu­tion fran­çaise. Cet avis a été assor­ti de la men­tion « en plus ça a rien à voir avec le titre ori­gi­nal, c’est plu­tôt un truc du genre La fenêtre des deux regards ».