Un homme et une femme

de Claude Lelouch, 1966, **

Depuis le temps que j’en enten­dais par­ler, soit en bien soit en mal, fal­lait bien qu’un jour je voie Un homme et une femme. Et puis, y’a deux Mustang et un ral­lye Monte-Carlo, donc à un moment don­né j’é­tais for­cé de lui don­ner sa chance, hein.

Alors, ça vaut quoi ?

Ben…

Pas tout le raf­fut qu’on a fait autour, en tout cas.

Un homme et une femme n’est pas émou­vant comme Itinéraire d’un enfant gâté. Il n’est pas chiant comme Homme, femme, mode d’emploi. Il n’est pas hila­rant comme L’aventure c’est l’a­ven­ture. Il n’est pas ten­du comme C’était un ren­dez-vous.

Il y a pour­tant un peu de tout ça. L’émotion est là, par­fois, dans quelques regards, des échanges entre Trintignant et Aimée, la confron­ta­tion au fan­tôme du pré­cé­dent notam­ment. La som­no­lence aus­si, volon­taire (retour à Paris) ou acci­den­telle (de nom­breuses scènes un peu molles, sans qu’une m’ait par­ti­cu­liè­re­ment mar­qué). L’humour, bien sûr, au res­tau­rant avec les gosses, ou pour l’al­lu­sion au métier rare et très lucra­tif. Et la ten­sion, évi­dem­ment, lors des pré­pa­ra­tions de courses.

Il y a bien enten­du un style, une décla­ra­tion for­melle détrui­sant les car­cans de la nar­ra­tion clas­sique avec des varia­tions de temps, de rythme, de forme (alter­nance cou­leurs / noir et blanc froid / sépia), une étude esthé­tique et pho­to­gra­phique, bref, une réa­li­sa­tion ori­gi­nale et hau­te­ment respectable.

Il y a aus­si ce truc que les jurys aiment tou­jours beau­coup : une mise en abîme, une réflexion sur le ciné­ma lui-même.

Mais au final, Un homme et une femme peine à dépas­ser l’é­tat d’exer­cice de style un peu vain. Et trois quarts d’heure après la fin, il n’en reste pas grand-chose.