Le mépris
|de Jean-Luc Godard, 1963, *
C’est dingue, le pouvoir d’une photo. J’ai vu récemment une image qui m’a fait penser à ce film, au point que j’ai été le voir juste pour retrouver la scène que ça m’avait évoquée.
Bon, comme d’hab, c’est du Godard : c’est donc un exercice de style assez vain bâti avec une audace formelle indéniable pour masquer un scenario plutôt creux. Ça marche grâce à Piccoli, Palance et dans une moindre mesure Bardot — impeccable lorsqu’elle évoque le mépris, mais aussi souvent un peu faible dans les autres scènes. Ça marche surtout grâce au statut de méta-film, qui introduit une réflexion sur la création cinématographique elle-même grâce à l’omniprésence de Fritz Lang, qui aura d’ailleurs le mot de la fin.
L’histoire elle-même est beaucoup trop brutale, caricaturale, totalement anti-subtile, et l’opposition entre Paul (acteur réfléchi de sa vie, attaché à ses valeurs mais plus encore à son amour, bien qu’il méprise inconsciemment sa femme et se comporte comme un goujat absolu) et Camille (passive pulsionnelle, qui n’agit que lorsqu’elle cesse de réfléchir et méprise consciemment un mari envers qui elle conserve pourtant un comportement irréprochable) est absolument surévaluée, de même que la lourdingue et constante référence à L’odyssée d’Homère.
Mais bon, aussi vaguement chiant, mou et pseudo-intellectuel snobinard que ça puisse être, ça reste de loin le meilleur Godard que j’ai vu, et ça lui permet de décoller de la bulle complète que j’ai pu accorder à À bout de souffle ou Pierrot le fou.
Ah, et oui : j’ai retrouvé la scène à laquelle je pensais. Mais je sais toujours pas d’où elle m’était apparue, vu que j’avais jamais vu le film et que c’est pas une des plus connues. Les mystères de la mémoire…