Splice
|de Vincenzo Natali, 2009, ***
Ils sont deux chercheurs en biologie et ont créé une nouvelle espèce : deux sortes de blobs difformes, un mâle et une femelle, synthétisés à partir de séquences d’ADN de différentes espèces naturelles. Intérêt pour le labo pharmaceutique qui les emploie : ces êtres produisent une molécule hautement rentable. Alors que les chercheurs veulent passer à l’étape suivant et intégrer des séquences humaines dans le génome de leurs créatures, le labo pousse donc à l’exploitation immédiate de la molécule… Mais ils passent outre et créent une nouvelle bestiole, qui se révèle avoir une part humaine plus grande que prévue, une croissance accélérée et un dard de vingt centimètres en plein milieu de la queue¹.
Alors bon, voilà, passons tout de suite sur l’aspect moral (jouer avec l’ADN, c’est mal, tout ça) qui n’apporte rien au film. L’aspect éthique est plus intéressant, mais survolé, au profit en fait de problématiques plus terre-à-terre : la froideur scientifique face à l’affection maternelle (relisez L’affreux petit garçon d’Asimov), la possibilité pour une scientifique de s’attacher à autre chose qu’un sujet d’expérience (relisez Lenny d’Asimov), les relations parents-enfants (relisez Freud)…
Le problème, c’est que globalement les retournements sont assez téléphonés, et qu’on devine plutôt facilement la suite des événements, largement annoncés. Or, un thriller psychologique mâtiné de film d’horreur, c’est moins bien une fois privé de surprises.
Bon, y’a quand même quelques scènes marrantes, et l’intérêt d’imaginer ce que devient le complexe d’Œdipe chez les mérous est toujours intéressant². Au final, le film est sympa, sans pour autant mériter d’éloge particulier.
NB : j’avoue que sur ce coup-là, conserver le titre anglais est justifié. Ça fonctionne en anglais, mais je doute qu’un titre comme « épissure » puisse porter le même sens imagé.
¹ Oui, bon, je sais, la tournure, tout ça, mais on n’a pas tous les jours l’occasion de citer Roger Mason.
² La minute geek : voyez le film, puis lisez n’importe quel ouvrage consacré au mérou, et vous comprendrez l’allusion.