L’agence tous risques
|de Joe Carnahan, 2010, ****
C’est la grande mode du moment : faire des films à partir de séries télé à succès. J’ai pas été voir Sex and the city 2, mais je pouvais décemment pas passer à côté de L’agence tous risques, série culte de mes jeunes années que j’avais parfois l’occasion de mater chez des voisins le mercredi.
Reprendre L’agence tous risques, c’est un billard pour un scénariste. Des personnages stéréotypés, de l’action, de l’humour décalé, et un principe de base tellement « trop » que toutes les invraisemblances sont permises.
Le premier quart d’heure, s’il a le mérite de mettre en place les personnages et de conter la rencontre entre Barracuda, Looping, Futé et Hannibal, est un peu inquiétant : les personnages principaux y deviennent de vagues caricatures d’eux-mêmes, Liam Neeson reprenant bien trop les tics de George Peppard et Quinton Jackson commettant une pâle imitation de Mr T.
Heureusement, cette phase passée, les divers éléments tombent en place. Le film s’intéresse à ce qui se passe avant la série et qui n’était que brièvement expliqué dans le générique de chaque épisode : accusés d’un crime blablabla ils survivent en mercenaires. Changement d’époque oblige, l’action est relocalisée : il n’est plus question de Viêt-Nam mais d’Irak, et plusieurs éléments sont en contradiction avec ceux délivrés par la série — le film est un hommage, une variation sur un thème imposé, mais n’est pas censé s’insérer dans l’univers existant.
Certains éléments sont profondément revus, comme l’emblématique GMC noir à bandes rouges ou le caractère de Barracuda, et l’archi-domination stratégique de Hannibal est désormais oubliée au profit d’une véritable équipe à quatre (où Futé prend une ampleur que Lupo et Carnell ne lui avaient jamais offerte). L’ambiance n’est également pas la même : dans la série, grosses baffes et vilains KO sont les maîtres mots, personne ou presque n’étant gravement blessé (ce qui lui permit d’être deux ans avant MacGyver la première série d’action diffusée à un horaire grand public, avec le succès qui suivit). Dans le film, l’action laisse des traces…
Mais globalement, on retrouve rapidement ses marques, et l’on peut en dire autant des acteurs qui s’imprègnent de leurs personnages au lieu de singer les mimiques de leurs aînés — c’est valable pour les quatre. On retrouve la démesure loufoque qui signait les épisodes télévisés, les scènes d’action sont parfaitement lisibles (meuh non j’en profite pas pour bâcher la tendance des réalisateurs post-Matrix à faire n’importe quoi pour en mettre plein les yeux…), et bien entendu les plans se déroulent sans accroc.
On peut donc résumer ça à deux heures de joyeusetés visuelles et scénaristiques, qui ne vont pas révolutionner la philosophie occidentale, mais sont pleines de bon mauvais goût et d’action réussie. En somme, faut pas y chercher un sens profond, mais on s’amuse bien.