Jarhead, la fin de l’innocence
|de Sam Mendes, 2006, ****
Un marine, c’est pas fait pour obéir aveuglément. C’est fait pour tuer. Surtout un sniper, qui tire une balle et touche une cible quand le troufion moyen en tire 15 000 pour un résultat minable. Alors, Swofford apprend à tuer. On est en 1990, l’Iraq a envahi le Koweit, et il est envoyé sur place avec son observateur, sa tenue NBC, sa pelle, son M16 et son M40.
Cependant, Sam a un peu du mal avec les scenarii simples — les retardataires doivent savoir qu’il s’est fait connaître avec Le Meilleur Film De Tous Les Temps. Il n’aura donc de cesse de confronter Swofford à l’inaction, à l’absurde et au tir ami, laissant aux potentielles cibles iraquiennes la place enviée de MacGuffin¹.
Le petit soucis, c’est que du coup, Jarhead souffre d’une parenté difficile à assumer : il est précisément à la guerre du Golfe première du nom ce que Full metal jacket fut à la guerre du Viêt-Nam, reprenant globalement la structure du chef-d’œuvre de Stanley. Et si, plus que dans celui-ci, l’inaction est au cœur du présent film, l’ombre du maître n’en plane pas moins sur l’ensemble.
Reste qu’à côté de ça, Jarhead est une sorte de huis-clos rempli de grands espaces, magnifiquement photographié, superbement interprété (si vous vous demandiez pourquoi j’ai tendance à faire confiance à Gyllenhaal…) et posé sur un rythme lent, mais parfaitement calé, décoré de fulgurances éparses — là encore, un peu à la manière de Full metal jacket. C’est donc un très solide film de guerre, un peu déprimant et en ce sens tout à fait réussi.
Quant à savoir pourquoi l’armée de terre française achète de la pub au milieu de ce film où l’on vous montre que c’est nul et chiant d’être soldat et que vous ne ferez même pas le seul truc auquel on vous aura donné goût, c’est un mystère.
¹ Yes, j’ai trouvé l’occasion de placer cette bizarrerie cinématographique !