Ultimate game

de Mark Neveldine et Brian Taylor, 2009, ****

Un beau jour, un joueur des Sims a vou­lu dépas­ser les limites du jeu en le trans­po­sant dans le monde réel. Il a payé un autre humain pour le lais­ser prendre le contrôle de tous ses faits et gestes. Le joueur de Second life s’en est ain­si payé une bonne tranche, l’a­va­tar humain a gagné de quoi vivre (en plus du confort de ne plus avoir aucune déci­sion à pren­dre¹), tout le monde est content et l’ex­pé­rience s’est éten­due : le nombre de nerds maniaques de « réa­li­té vir­tuelle » contrô­lant pour quelques heures de vrais humains dans le monde réel a explo­sé, et le créa­ture du logi­ciel est deve­nu milliardaire.

L’étape sui­vante, c’est logi­que­ment d’ou­vrir ce type de fonc­tion­ne­ment à d’autres jeux de simu­la­tion. Ainsi naît Slayers, fils natu­rel de Counter-strike et Day of defeat. Le joueur joue, l’a­va­tar se bat, tue et meurt. Pas ques­tion de rétri­bu­tion en l’es­pèce : les ava­tars sont des condam­nés à mort, aux­quels Slayers offre une infime chance de sur­vie — res­pi­rer au bout de la tren­tième par­tie vaut grâce, même si aucun condam­né n’a jamais atteint cette étape.

Voilà l’u­ni­vers dans lequel on va suivre un ava­tar, Kable, proche de sa tren­tième par­tie, son joueur Simon et le créa­teur du jeu, Ken. Un gros film d’ac­tion blin­dé de tes­to­sté­rone ? Oui, sans doute.

Mais l’in­té­rêt n’est pas là, même si les scènes d’ac­tion sont plu­tôt bien réglées. L’intérêt est dans la rela­tion entre Simon et Kable, ain­si que dans la per­son­na­li­té énig­ma­tique de Ken — impec­ca­ble­ment joué par un Michael Hall plus que par­fait, même si ça ne va pas chan­ger sa répu­ta­tion d’ac­teur de malades après sa pres­ta­tion dans Dexter. Qui contrôle l’autre ? Comment fonc­tionne le jeu ? L’avatar a‑t-il un libre arbitre et… quelle est l’im­por­tance du ping quand il n’est plus ques­tion de ratio frag/death mais de vie et de mort ?

Il y a aus­si quelques aspects moraux sur les­quels le film ne s’at­tarde pas, mais qui res­te­ront en tête du spec­ta­teur pour qu’il puisse gam­ber­ger lui-même des­sus. Surtout s’il est joueur… Piloter un humain dans une map bien réelle, l’i­dée est abso­lu­ment fas­ci­nante, et vague­ment déran­geante aussi.

Au final, donc, c’est pas aus­si con qu’on pour­rait le croire et ça mérite d’être vu.

¹ Horus : Je vais te débran­cher, Nikopol, c’est plus prudent.
Alcide : J’aime autant, finalement…

(La foire aux immor­tels, Enki Bilal)