Coraline
|de Henry Selick, 2009, ****
Coraline s’installe avec ses parents, deux espèces d’autistes plus intéressés par leur œuvre que par leur fille, dans un manoir campagnard. Explorant la maison, elle découvre une porte vers un monde symétrique, dans lequel l’attendent des parents attentifs et ouverts… Mais bien entendu, ce monde merveilleux se révèle être un miroir aux alouettes d’où elle devra s’évader.
Si le point de départ rappelle furieusement Le neveu du magicien (premier tome des chroniques de Narnia), personnellement, j’ai surtout l’impression que c’est une version américaine des « 神隠し » (« kamikakushi », disparitions divines, enlèvement par les esprits, un truc du genre) chères à Miyazaki (cf. Mon voisin Totoro et Le voyage de Chihiro en particulier). Poétique, onirique, mais également flippant, le monde dans lequel Coraline débarque est aussi fascinant que terrifiant, et en apprendre les règles (et l’art de les contourner) sera essentiel pour survivre. Comme Chihiro, elle devra décoder les clefs d’un univers parallèle, aidée en cela par des amis inattendus.
Le film est bien mené, alternant agréablement tension, doute, enthousiasme et rêverie, sans toutefois atteindre la complexité du bijou miyazakesque. On pourra même reprocher à Coraline une vision un peu trop simpliste des relations entre générations, écueil que maître Hayao avait soigneusement contourné en évitant la caricature systématique des parents de Chihiro dans les premières minutes du film ; du coup, la fin du film paraît un peu hors-caractères — et de manière générale, on trouve là une « happy end » pas forcément très fine, alors que la conclusion de l’œuvre majeure du Dieu-de-l’Est¹ était plus nostalgique, plus adulte et bien plus forte.
Reste que ce Coraline est un petit bijou d’animation, original, poétique et très hautement recommandable pour des schtroumpfs d’une dizaine d’années comme pour des grands enfants quelques décennies plus âgés, qui ne pèche à mon sens que par le parallèle que je fais avec une autre très grande œuvre d’animation — comparaison qui n’était sans doute pas prévue au programme.
¹Le Dieu-de-l’Ouest s’appelle Clint Eastwood, pour ceux qui auraient oublié.