Wall.E
|d’Andrew Stanton, 2008, ****
Wall.E est le dernier modèle fonctionnant encore de robot nettoyeur. Depuis 700 ans, il compacte des déchets terrestres, cannibalisant les autres robots du même modèle pour récupérer des pièces, se réparer et continuer son travail. Il fait également du tri, stockant dans un camion en panne ce qui est en état de resservir, et doit avoir un pitit bug qui lui fait rechercher de la compagnie : il s’est pris d’affection pour une espèce de myriapode extra-plat qu’il nourrit en lui ouvrant des gâteaux en sachets ayant résisté depuis l’époque humaine. Il fonctionne ainsi, évitant les tornades et empilant des cubes de déchets de vingt centimètres de côté, jusqu’à en faire des gratte-ciels dominant Manhattan.
Jusqu’au jour où débarque un robot explorateur destiné à détecter la photosynthèse, et donc la possibilité de vie terrestre, EVE. Wall‑E s’y attache, lui fait des cadeaux, jusqu’à une plante trouvée dans une chaussure. EVE avale la plante, se bloque jusqu’à l’arrivée de la fusée et repart prévenir les humains, restés en orbite, que la photosynthèse est réapparue.
Le gros pari du film, c’est la suppression quasi-totale des dialogues. Wall‑E et EVE ont bien des synthétiseurs vocaux, mais trop basiques, et ce sont surtout les expressions qui leur permettent de communiquer. Et pourtant, ça marche. C’est amusant, bien pensé et superbement réalisé — par exemple, jamais la profondeur de champ n’est infinie comme c’est trop souvent le cas dans les films d’animation : ici, le « photographe » joue sans cesse avec pour mettre en avant un plan particulier. Et c’est, surtout, terriblement humain, à la fois dans les rapports entre les deux robots (Wall‑E est le péquenot du midwest classique, EVE débarque de la ville et va bouleverser sa vie — au passage, EVE est très féminine, passant en un quart de seconde de la bienveillance maternelle à un caractère pour le moins apocalyptique) et dans le résultat de 700 ans d’évolution humaine en orbite… qui m’a paru vaguement familière.
Au final, Wall‑E est un chef-d’œuvre d’animation, ce qui n’est pas si étonnant venant de gars qui ont fait Cars, et une grande réussite narrative, à la fois originale, émouvante, amusante. C’est aussi une vision assez terrifiante de notre futur et si ça peut réveiller une ou deux personnes vis-à-vis de certains problèmes de poubelles, c’est toujours bon à prendre.