Aviator
|de Martin Scorsese, 2004, ****
Et voilà. Je sors de The Aviator. Enfin, mon corps en sort.
Ma tête, elle, y reste bloquée.
Suis-je un spectateur lambda ? Sans doute pas.
Je n’ai pas aimé les rares Scorsese que j’ai vus, je ne supporte pas Leonardo di Caprio (à part dans Attrape-moi si tu peux), et j’y suis allé essentiellement pour voir voler le Hughes Hercules.
Les avions, justement, puisque c’est pour eux que j’étais venu : magnifiques. Qu’il s’agisse des vrais ou des images de synthèse. On regrettera que le Hercules soit un peu « froid », et que, au déjaugeage, il ne laisse pas sous son ventre une interminable traînée d’eau comme le font tous les grands hydravions. A part ça, les image sont proches de la perfection, photos ou synthèse.
Les acteurs m’ont également bluffé. Je ne voyais pas di Caprio aussi bien dans un costume difficile : Hughes et son mètre quatre-vingt-dix, son caractère épouvantable, sa cyclothymie chronique et ses phobies caricaturales. Surprise : hormis l’absence de ressemblance physique, di Caprio se glisse dans le rôle comme s’il avait été fait pour lui. Les autres acteurs sont également excellents, avec une mention particulière à Kate Blanchett.
Le tout est emballé dans un scénario fort, très bien construit, qui donne une belle part à chaque aspect de Howard Hughes (« Il y a trop de Howard Hughes en Howard Hughes »), le maniaque, l’égocentrique, le dandy, l’ingénieur fou d’aviation… Il n’y a que l’aspect « pilote » qui, paradoxalement, n’est pas très bien rendu, puisque les deux vols que l’on suit vraiment — un vol de record et le vol inaugural du XF-11 — se finissent dans un champ de betteraves et une villa bourgeoise. A ce détail près, on n’est pas loin du sans-faute. Je pense que Hughes aurait aimé le produire…
Petit détail enfin : il est malheureux que les sous-titres soient blancs, même sur fond blancs ; ils deviennent alors illisibles. La traduction souffre également de quelques lacunes : traduire « Twin Cyclone engine » par « double moteur Cyclone»…