Bliss
|de Drew Barrymore, 2009, **
Bliss est une adolescente renfermée, quoique mignonne, sur qui sa mère projette ses propres angoisses de jeunesse et son besoin de remporter un concours de beauté. Elle rêve vaguement de quitter Bodeen, Texas, pour monter au moins à la capitale (ville natale de Dieu pour ceux qui l’ignoreraient), mais sa vie est grosso modo résumée aux rendez-vous de jeunes filles bien pour faire plaisir à Maman, à la terminale pour essayer de s’en sortir et à son job de serveuse.
« Jusqu’au jour où » (oui, cette transition éculée est inévitable, c’est le poncif de ce genre de film, donc autant y aller franco) elle découvre accidentellement les derby de patins à roulettes — des petits spectacles bien huilés, opposant deux équipes féminines sur pistes ovales.
Là, on se dit que c’est perdu d’avance. On a vu le synopsis cent fois, et pour une bonne surprise, il y a vingt sous-merdes prévisibles de bout en bout. En prime, on a en guise de réalisatrice une actrice qui n’a jamais brillé par la subtilité de ses rôles¹ dont c’est le premier passage derrière la caméra… et qui en prime se disperse un peu, puisqu’elle joue aussi dans le même film.
Enfin bon, encouragé par une recommandation inhabituellement élevée dans une semaine qui n’a pas grand-chose à perdre, on y va, on verra bien.
Bon, en fait, c’est pas aussi mauvais que l’introduction ci-avant peut le laisser croire. Le problème, c’est que le scénario est convenu de bout en bout — on est loin de la finesse de Bandslam — et que le film repose à 100 % sur les acteurs. La bonne nouvelle, c’est qu’on a ici Ellen Page en rôle principal, qui est à son habitude excellente (rappelons que c’est la seule actrice américaine qui sait pleurer sans avoir l’air de rire) même si franchement, à l’oreille, elle fait pas très texane : faut dire que son Canada est loin de Dallas. Y’a bien pire : une autre comédie sur le même thème, Dodgeball, souffrait des mêmes faiblesses et comptait pour compenser sur le talent de Ben Stiller… Inutile d’en dire plus, ce fut douloureux.
Donc, on a une comédie de base, bien jouée, scénarisée à la va-vite, réalisée sans histoire, photographiée aléatoirement (y’a bien un plan qui est vraiment soigné, mais pas de bol, il est copié de Juno, et ça se voit d’autant plus que c’est la même actrice avec juste un ventre en moins).
De quoi passer une heure et demie sans déplaisir, mais pas de quoi payer une place au cinoche : idéal pour les abonnés qui cherchent une occupation.
Quant à savoir pourquoi Allociné m’a fortement conseillé ce poncif ambulant, j’ai bien ma petite idée. D’une, j’ai dû bien noter certains films du même style (Bandslam et Cars par exemple) ; de deux, j’ai adoré Juno, beaucoup aimé Hard candy et trouvé que L’affrontement final était le meilleur de la série X‑Men, ce qui a dû faire mécaniquement remonter tous les trucs avec Page.
¹ On peut ici m’accuser de vacherie gratuite dans la mesure où je viens de voir que j’ai pas vu les trois quarts de sa filmographie, y’a peut-être des trucs bien dans ce que j’ai raté.