Weeds
|de Jenji Kohan, depuis 2005, ***
George Bush l’a dit : notre mode de vie n’est pas négociable. Bon, il voulait dire que l’écologie ne passerait pas si elle impliquait une diminution quelconque de confort, mais c’est aussi une vérité générale, pas seulement aux États-Unis. Et c’est pour ça que Nancy Botwin, habituée à son confortable et peu fatigant habitat d’une banlieue bourgeoise californienne, préfère devenir dealeuse d’herbe plutôt que de vivre plus modestement au décès de son mari.
Pourtant, son mode de vie sera modifié. Entre son fils aîné qui commence à courir les filles et veut quitter l’école pour faire pousser du cannabis, son cadet solitaire et renfermé qui fait peur à ses camarades, son comptable plus doué pour fumer le stock que pour blanchir l’argent, son amie qui lance une grande campagne anti-drogues, ses concurrents mexicains qui veulent l’éliminer ou la sauter et les agents des stups qui veulent l’enfermer ou l’épouser, sa vie va devenir très compliquée.
Disons-le clairement : Weeds est une comédie légère, quoique souvent grinçante, qui ne se soucie guère de réalisme. La capacité de Nancy à se sortir de n’importe quelle situation en couchant avec celui ou celle qui a le plus gros flingue du moment paraît un peu caricaturale, de même que l’incroyable immaturité de son comptable et de son avocat ou les multiples péripéties annexes — qui impliquent des acteurs pornographiques, des révolutionnaires mexicains, des incendiaires, un homme politique corrompu, une délinquante déjantée poursuivie par un chasseur de primes depuis l’Alaska, une fuite en camping-car, des trafiquants d’armes russes, des cyclistes danois ou des étudiants BCBG new-yorkais.
Par ailleurs, les premières saisons sont marquées par une critique sociale assez acerbe du mode de vie américain, des banlieues riches où tout le monde est beau, sportif, aisé et intelligent, de la pression poussant à éliminer tout ce qui dépasse — orientation sexuelle, dépendance, instabilité caractérielle… Le choix de la chanson du générique, Little boxes de Malvina Reynolds, ne fait qu’annoncer cette critique du conformisme des banlieues chic, que l’on retrouve à travers des personnages tous propres et prospères en façade, mais également tous malsains et déséquilibrés à l’intérieur.
Cet aspect disparaît cependant ensuite, la série se concentrant sur les péripéties à rebondissements vécues par la famille Botwin, en poussant toujours un peu plus loin l’absurde à force de finir chaque épisode sur un « cliffhanger ». Si certains de ces retournements sont absolument magnifiques (« …a croquet mallet ? I couldn’t find a golf club. »), d’autres sont artificiels et exagérés et nuisent finalement à l’intérêt de l’ensemble.
Weeds est donc une série qui prend, qui tient un certain temps, qui fait rire tout au long des sept saisons, mais qui, finalement, rentre dans le rang de la comédie classique et dont les derniers épisodes, s’ils contiennent toujours quelques perles, ne laissent pas de trace durable.