Jurassic World : Renaissance

de Gareth Edwards, 2025, **

Note : j’é­cris très vite, parce que l’Odieux Connard vient de publier son spoil et que je veux faire mon article avant d’al­ler lire le sien. Désolé pour les fautes, pour le reste, c’est aux scé­na­ristes d’être désolés.

Parce que oui, bon, voi­là, autant le dire d’en­trée : le scé­na­rio oscille en per­ma­nence entre n’im­porte quoi, clins d’œil aux opus pré­cé­dents de la série, scènes spec­ta­cu­laires inco­hé­rentes, et clins d’œil aux autres films d’ac­tion des cent der­nières années (et même à cer­tains jeux vidéo, y’a du Half-Life vers la fin).

Pour fixer le niveau, un truc tout con : y’a un moment où cer­tains héros (oui y’a plein de héros, on se croi­rait dans un Marvel) sont en haut d’une falaise et doivent des­cendre à mi-hau­teur fouiller dans un nid de quet­zal­coat­lus. Si vous pen­sez qu’ils vont cher­cher un pas­sage, révi­sez vos ambi­tions à la baisse : Choupette décide immé­dia­te­ment de des­cendre en rap­pel avec Choupinet en lais­sant les mus­clés en haut pour tenir les cordes. Ce qui per­met à Ducon de trou­ver un esca­lier qui des­cend, et ain­si tout le monde arrive en bas en même temps quand Choupinet se vautre — lui, qui vient de rendre hom­mage au grand finale de Point break, elle, qui est des­cen­due en rap­pel tout du long, et les autres qui ont pris l’es­ca­lier. Logique.

Scarlett Johansson descendant en rappel
Descendre en rap­pel le long d’une cas­cade avec des pré­da­teurs volants alors qu’il y a un esca­lier abri­té : check. — pho­to Universal Studios

Donc clai­re­ment, c’est assez nul, avec des per­son­nages inco­hé­rents dont la prise de déci­sion a pour seul but de per­mettre au scé­na­riste d’é­crire la scène sui­vante telle qu’il a envie de l’é­crire, un méchant très méchant qu’on recon­naît tout de suite mais dont on va quand même sou­li­gner la méchan­ce­té gra­tuite scène après scène, et vingt-quatre cli­chés écu­lés à la seconde (heu­reu­se­ment que ça n’a pas été tour­né en HFR).

Est-ce insup­por­table ? Non. Edwards fait son bou­lot avec appli­ca­tion, Mathieson signe une pho­to léchée d’un bout à l’autre (avec un bon lot de plans spiel­ber­giens bien sûr), Olssen nous fait un mon­tage aus­si propre et ryth­mé qu’im­per­son­nel, bref, c’est de l’ar­ti­sa­nat de qua­li­té. Et les acteurs, dont cer­tains ont fait la preuve qu’ils méritent des dia­logues et un scé­na­rio d’un tout autre niveau, font ce qu’ils peuvent pour com­pen­ser les fai­blesses du script.

Voilà donc un film fon­da­men­ta­le­ment sans inté­rêt, où les per­son­nages débiles n’é­chappent à la mort logique que parce que le scé­na­riste a besoin d’eux à la scène sui­vante (ou meurent enfin logi­que­ment dès qu’il n’en a plus besoin), et qui déroule sa trame géné­rale de manière aus­si pré­vi­sible que pos­sible. Mais c’est aus­si un film ryth­mé, entraî­nant, avec un peu d’hu­mour pour faire sem­blant de pas se prendre au sérieux, qui rem­pli­ra par­fai­te­ment un same­di soir plu­vieux sur France 2.