One Six Right
|de Brian Terwilliger, 2005, ***
L’aviation générale, personne ne sait ce que c’est. On sait juste ce que ça n’est pas : ça n’est pas l’aviation de ligne, ça n’est pas l’aviation militaire, ça n’est pas l’aviation de transport. C’est tout le reste, de l’élève qui fait des tours de piste en Cessna 152 sur un minuscule terrain paumé du Midwest à la star hollywoodienne qui vole d’un tournage à l’autre sur son Boeing 707 privé, en passant par les collectionneurs qui montrent leur Lockheed Electra sur les meetings du dimanche. L’aéroport Van Nuys, installé dans la vallée de San Fernando (dans la gigantesque ville de Los Angeles), est le plus gros aéroport d’aviation générale de la planète : tous les jours, ses deux pistes voient sept cents décollages ou atterrissages, les contrôleurs arrivant à mélanger tranquillement des Piper Cub et des Cessna Citation X — bien que la vitesse maximale des premiers soit inférieure à la vitesse de décrochage des seconds.
En une grosse heure, Terwilliger présente Van Nuys, du champ d’aviation de grande banlieue, devenu l’aéroport de la Métropole puis la base aérienne, jusqu’à l’aéroport général enclavé dans la ville, menacé par la spéculation immobilière et les autochtones sensibles au bruit — même si « quand ils ont construit leurs maisons, la Garde nationale utilisait des F‑86, et ils décollaient en formation quatre par quatre, là on pouvait parler de bruit ! »
Le montage soigné et les allers-retours entre les différentes périodes rythment le film, les interviews alternent avec les plans aériens particulièrement travaillés (One Six Right fut le premier documentaire aéronautique filmé en HD), l’ensemble est joli et agréable.
Ça n’est cependant pas bouleversant, en particulier par la faute d’un finale très américain, mêlant la lutte de l’aéroport face à ceux qui voudraient le fermer, le drame des nombreux terrains disparus alentours et l’argument financier de l’activité économique apportée à la ville. Le message est asséné un peu lourdement et délayé sur une dizaine de minutes, et casse un peu la passionnante heure qui précède.
Reste tout de même un beau documentaire, soutenu par des prises de vue très réussies et un mélange de poésie du vol et de considérations historiques assez équilibré.