Midnight special
|de Jeff Nichols, 2016, ****
C’est une alerte Amber : un gamin a disparu avec deux hommes, dont son père biologique. À leurs basques, le FBI bien sûr, mais aussi un analyste de la NSA, qui essaie de comprendre comment le gamin a pu révéler des secrets d’État à la secte qui l’élevait.
Un film de cavale, qui suit parallèlement les fuyards et les autorités : jusque là, rien d’extraordinaire. C’est efficace, entièrement nocturne ou presque, avec une ambiance sombre et quelques flashes violents occasionnels. Mais rapidement, ça se complique en ajoutant aux codes du road-movie et du polar ceux du film fantastique, avec une progression qui pourrait rappeler vaguement Stephen King — sans verser dans l’horreur, toutefois. Et l’intrigue « fuite » se mêle à une quête existentielle : qui est ce gosse qui ne semble pas le savoir lui-même ? Comment le protéger quand on ignore ce qu’il a, ce qu’il vit et même ce qu’il est ?
Ce mélange des genres est finalement fort réussi : le premier quart d’heure laisse penser à un polar calibré, mais ensuite le film s’offre des possibilités de surprendre en dévoilant peu à peu des pans d’intrigue qui donnent un nouvel éclairage à ce qu’on pensait savoir.
Sur le plan technique, on peut regretter le manque de conviction occasionnel de certains acteurs et une musique un peu envahissante, mais le travail sur l’éclairage, le cadrage et la photo en général est remarquable : Adam Stone fournit ici une copie beaucoup plus forte que sur Mud et le graphisme du film colle parfaitement à l’ambiance ambiguë et aux inconnues de l’histoire.
Le résultat est assez malin, prenant et bien mené, et si la fin peut paraître un peu facile, elle ne gâchera pas pour autant un bon moment de thriller/fantastique.