Stargate : Universe
|de Brad Wright et Robert Cooper, 2009–2010, ****
Si vous le voulez bien, on va conclure cette matinée Stargate avec la dernière série : Stargate : Universe. C’est la troisième grosse série dérivée de l’univers de La porte des étoiles, après SG‑1 (qui a tenu dix ans, mais tourne un peu à vide après la sixième saison) et Atlantis (qui a tenu cinq saison, mais moi pas, vu que le meilleur épisode de la saison 1 était du niveau du plus mauvais de la saison 10 de SG‑1).
J’avoue avoir eu peur. Vue la baisse de niveau général de l’univers depuis le milieu de la décennie, j’ai regardé les deux premiers épisodes avec précaution en me disant que si c’était pas bon, ce seraient aussi les deux derniers.
Et bien, c’est une bonne surprise. Alors qu’Atlantis se contentait de reprendre en moins bien les habitudes de SG‑1 (explorer une planète, foutre le bordel, se battre contre l’ennemi récurrent puis se barrer), Universe prend rapidement sa propre tonalité, sa propre tournure, son propre rythme. D’abord, parce que c’est un huis-clos : les personnages sont coincés dans un vaisseau Ancien, qu’ils doivent tenter de comprendre et de maîtriser pour survivre, et ne passent la porte des étoiles dont il est équipé que ponctuellement, pour récupérer de quoi tenir (nourriture, eau, médicaments…).
Ensuite, parce qu’on retrouve, en beaucoup plus poussé, l’opposition militaire-civil qui faisait une part du succès de SG‑1 (O’Neill/Jackson). Sauf qu’ici, le respect mutuel n’est pas gagné : on ne parle plus de deux individus, mais de deux factions sur une centaine de personnes, et les militaires ont « naturellement » le pouvoir du fait de leur armement tandis que les civils ont également des arguments à faire valoir — à commencer par celui que dans toute société civilisée, l’armée est au service du pouvoir politique et non le contraire.
Il y a, enfin, un casting, un peu long à s’imposer mais qui finit par assez bien tourner, avec le geek complexé de service et la cruche canon de service (Leonard/Penny de The Big bang theory, en quelque sorte) qui vont rapidement prendre une ampleur imprévue, et une opposition dans le triumvirat de direction entre le colonel Young, autorité militaire, Camille Wray, directrice des ressources humaines promue autorité civile, et le docteur Rush, maniaque de la civilisation Ancienne et le mieux placé pour comprendre le vaisseau et aider les autres à survivre.
Celui-ci, superbement interprété par Robert Carlyle (avec un accent écossais ultra-prononcé au passage, qui fait du bien aux oreilles), a toutefois un petit problème d’ego : les autres sont tous des crétins et il est le seul à comprendre quoi que ce soit. Cette conviction va parfois voler en éclats tragiquement, mais globalement son incapacité maladive à faire confiance à quiconque est à la fois un intérêt psychologique de la série et la source de bien des épisodes.
Un huis-clos paranoïaque avec de fortes dissensions au sein du groupe, c’est donc le principal ressort de Stargate : Universe, qui est radicalement différente du reste de l’univers Stargate, habituellement basé sur l’exploration. Le traitement psychologique est d’ailleurs beaucoup plus profond que dans SG‑1 ou la première saison d’Atlantis, avec de nombreux flashes-back, des discussions entre les personnages et leur subconscient, des rêves à interpréter… Il y a heureusement quelques éléments comiques pour alléger le tout, comme les conséquences des échanges d’esprits permis par les pierres de communication : une personne dans le vaisseau prend le contrôle du corps d’un Terrien et réciproquement. Moment le plus hilarant sans doute : celui où une perturbation du système renvoie chacun chez soi, alors que l’esprit du voyageur était occupé à revoir sa femme dans le corps du terrien…
Bref, c’est bon, pas du tout dans la lignée des précédents Stargate (films ou séries), mais éminemment sympathique.