Arrietty le petit monde des chapardeurs
|de Hiromasa Yonebayashi, 2010, ***
Korrigans, lutins, gobelins, nains ou petits hommes, l’idée n’est pas neuve et a été traitée à toutes les sauces, du fantastique à la science-fiction. Voici donc les chapardeurs, d’après un roman anglais des années 50, qui vivent en chouravant un bloc de sucre ou une feuille de laurier, et l’histoire d’Arrietty — Arietti en japonais — et de Shô, un jeune « grand« ¹ venu à la campagne se reposer avant une opération cardiaque.
Bon, l’histoire ne brille pas par sa complexité. Les studios Ghibli cherchent un successeur à Hayao Miyazaki et font faire quelques œuvres à des jeunes réalisateurs — Yonebayashi en l’occurrence, animateur du Château ambulant notamment —, et ça se sent un peu au niveau des scenarii : ils sont rapidement adaptés d’histoires pour enfants. On est du coup loin de l’originalité et de la créativité de Princesse Mononoke ou du Voyage de Chihiro, ou même d’autres adaptations d’œuvres occidentales comme Le château dans le ciel (inspiré des Voyages de Gulliver) ou Le château ambulant. Là, du coup, on retrouve un peu les faiblesses de Ponyo sur la falaise : c’est très simple, très enfantin, et on a l’impression que le scénariste était en vacances.
C’est aussi un pillage en règle de Mon voisin Totoro : le chat a très exactement la gueule du gros Totoro et le rôle du Chatbus. Spiller (Supirâ en japonais) est un clone de Kanta, et l’ensemble des graphismes (le jardin notamment) sont extrêmement similaires.
Reste que ça marche. C’est simple, mais c’est charmant, même si Yonebayashi n’a pas tout à fait acquis la maîtrise de Miyazaki — la gestion des poils, par exemple, est devenue une signature du maître ; ici, les cheveux sont une masse qui suit la tête, au lieu d’éléments de narration à part entière. Les personnages sont classiques mais bien campés, la conclusion un peu naïve et à cent lieues de la subtilité du Voyage de Chihiro mais ça reste sympathique, et la gestion de la lumière, autre signature des maîtres de Ghibli, est au niveau des meilleurs.
Alors bon, c’est pas le meilleur Ghibli, mais ça fait passer une heure trente rythmée et agréable et on en sort parfaitement détendu. C’est donc fort recommandable, et Yonebayashi est un bon candidat à la grandeur — faut juste qu’il creuse un peu plus les scenarii.
¹ Les « grands » sont les êtres humains de taille normale chez les Petits hommes de Seron. J’aime bien cette appellation, donc je la recycle.