Après la tempête
|de Hirokazu Koreeda, 2016, ***
La vraie vie des vraies gens, c’est le sujet favori de Koreeda — même lorsqu’il prend une version poupée gonflable de Pinocchio comme témoin ou qu’il s’intéresse à des enfants livrés à eux-mêmes pendant plusieurs mois.
Cette fois, c’est l’histoire d’un divorce ordinaire. Ryōta, écrivain jadis prometteur mais en panne, a vu partir Kyōko et leur fils. Il gagne trois sous comme détective privé, en claque la moitié dans les paris et loteries, et rêve de gagner gros pour racheter l’affection des siens.
Du moins, c’est un aspect de l’histoire. À son habitude, Koreeda imbrique plusieurs portraits, et on pourrait presque autant dire que c’est l’histoire d’une ex-bru qui cherche à garder le contact avec son ex-belle-mère sans lui cacher que son fils est un imbécile indigne de confiance. Ou celle d’une veuve dont le mari a dilapidé l’argent, qui vit modestement dans un appartement d’une cité délabrée et aime voir passer sa famille. Ou celle d’une agence de détectives où un ex-écrivain paumé s’avère plutôt bon, malgré sa tendance à emprunter de la thune à ses collègues pour jouer aux courses. Et, bien sûr, celle d’un petit appartement où une famille disloquée se rassemble un soir de tempête.
Bref, c’est une tranche de vie de gens ordinaires, avec à l’habitude de Koreeda quelques dialogues percutants, des acteurs soigneusement choisis, un rythme lent et des rêves brisés.
Ça n’est pas aussi fort que 歩いても、歩いても, qui abordait des thèmes parfois très similaires ; c’est même parfois un peu languissant et, dans l’œuvre de Koreeda, Après la tempête reste un opus relativement mineur. C’est cependant tout à fait fréquentable, avec quelques scènes franchement réussies et un questionnement songeur sur ce que veulent dire « être parent » ou « être adulte ».