Only lovers left alive
|de Jim Jarmusch, 2013, ****
Dans la vague actuelle de vampires, on avait l’impression qu’un peu tout avait été fait — bluette pour adolescentes, bluette pour adultes, teen-movie, navet belge, action passe-partout, etc… Il manquait pourtant un truc évident, celui qui a pourtant quasiment vu naître le film de vampires : le baroque gothique.
C’est Jarmusch qui s’y colle, avec pour point de départ deux vampires neurasthéniques (l’éternité, ça a l’air long) et vaguement cyniques (pendant la Peste, on pouvait saigner qui on voulait et le jeter à la Tamise sans que personne s’inquiète) qui contemplent avec désolation l’évolution de l’espèce humaine (plus moyen de trouver du sang propre tellement on bouffe n’importe quoi). Du baroque moderne, quoi.
C’est pas vraiment racontable, vu que c’est un film d’ambiance, servi par des acteurs magnifiques et une photo sublime — une espèce de clair-obscur à la Caravaggio qui, en tombant sur des éléments plus ou moins modernes (de guitares du siècle dernier à un iPhone flambant neuf), renforce le romantisme désuet de ces personnages égarés hors du temps.
L’ensemble est touchant, déprimant, amusant parfois, émouvant souvent, prenant toujours et tout simplement beau de bout en bout.