This must be the place
|de Paolo Sorrentino, 2011, ****
Il y a parfois des films qu’on ne sait comment raconter. Trop compliqués, trop incohérents, trop instables, trop changeants… C’est le cas ici.
Alors, on va parler d’autre chose. De la performance ahurissante de Sean Penn bien sûr, fils naturel de Marylin Manson et de Alice Cooper, paumé, las, attendant désespérément un événement quelconque qui viendrait le distraire de son ennui. Des multiples rencontres qui viennent rythmer ce road-movie lent, souvent contemplatif, et apportent une touche parfois drôle, parfois émouvante, souvent insolite. De l’ambiance morne, triste, terriblement sombre de l’ensemble, qui est pourtant empli de tendresse et d’espoir — certains vont peut-être s’aimer, d’autres vont enfin nager, une forme étrange de justice symbolique pourrait arriver… De la galerie de portraits de gens ordinaires, ordinairement déprimés, ordinairement égocentriques, ordinairement chiants, ordinairement drôles, ordinairement adorables, qui ont en commun d’être ordinairement cassés par la vie parce que « Everyone has had his light-heartedness stolen from him. Everyone. »
On en sort dans un état paradoxal. Avec le moral dans les chaussettes bien sûr, tant la vie est morne, chiante et peu satisfaisante ; mais aussi curieusement avec une envie pressante de ne pas se laisser crever sur place (« There are many ways of dying. The worse one is to just continue living »), d’essayer de se sortir de cette mornitude, peut-être même de réessayer d’appeler la fille qui n’a pas répondu à vos invitations des derniers mois ou de prendre quelques vacances pour partir sur les routes au hasard des rencontres.
Bref, c’est triste, mais c’est bon.