Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes
|de Niels Arden Oplev, 2009, ****
Il y a une chose de plus impressionnante que la langue suédoise (des phrases entières que vous comprenez sans problème avec une connaissance minimale de l’anglais, qui alternent avec des morceaux totalement imbitables qui ne rappellent rien de connu) : il y a les films suédois. J’en ai pas vu des masses, mais à chaque fois ce fut un choc : c’est donc possible de faire du glauque, trash, lourd, mais assumé et élégant, voire hilarant (comme la scène finale de Morse par exemple).
Ici, il paraît que le film est l’adaptation d’un roman qui a fait le tour du monde. Désolé, je suis pas ce qu’il se passe dans le monde. Je me contenterai donc du film…
Éloge de la misanthropie, ces hommes qui n’aimaient pas les femmes par d’un postulat original : un journaliste condamné à une peine de prison ferme pour avoir publié des documents falsifiés est embauché en attendant son incarcération pour enquêter sur une disparition vieille de 40 ans. Il plonge ainsi dans les petits secrets d’une riche famille industrielle, dont les membres se haïssent mutuellement avec une belle unité mais demeurent liés par la finance, ignorant que dans le même temps une jeune hackeuse gothique enquête sur lui…
Le héros n’est pas un personnage sympathique, ce qui est sans doute le petit truc qui donne au film l’essentiel de sa force. Et comme il enquête dans un monde extrêmement antipathique, l’ambiance est plutôt lourde… L’enquête elle-même est un exemple de polar classique, réglé comme un coucou suisse et tournant sans temps mort. Les auteurs renversent quand même au passage les grands classiques du genre — avec par exemple la scène de lit la plus anti-érotique de l’histoire du cinéma — et n’hésitent pas à y aller franchement : les passages trash sont trash, sans fard, et curieusement à cent lieues de l’obsession morbide d’un Irréversible.
Voilà donc un polar tout à fait excellent, bien glauque et suintant, à éviter cependant aux yeux et aux oreilles sensibles…