Violent night
|de Tommy Wirkola, 2022, ****
La magie de Noël, de nos jours, elle dure deux secondes. Les enfants ouvrent leur paquet, découvrent leur jouet, s’extasient et… passent immédiatement au cadeau suivant, comme des petits junkies qui courent de fix en fix sans jamais être rassasiés. Aussi, quand le père Noël se retrouve dans un manoir dont la famille est prise en otage par des mercenaires prêts à buter tout le monde, son premier réflexe est de se barrer et de filer à la cheminée suivante.
Mais il y a un problème : Trudy, l’une des otages. Une des rares petites filles encore gentilles, pas pourries par un consumérisme omniprésent, qui attendent Noël avec un vrai vœu et un vrai espoir. Le père Noël ne peut pas l’abandonner… surtout qu’il n’arrive pas à remonter la cheminée et que ses rennes se sont barrés aux premiers coups de feu. Après avoir buté un des assaillants un peu par accident, il est temps pour lui de montrer pourquoi son costume est rouge : on verra moins les traces de sang…
Pour faire simple, dans la grande tradition des films de Noël, voici le fils naturel de 58 minutes pour vivre, Maman j’ai raté l’avion, Bad Santa, et tous les téléfilms de Noël familiaux au premier degré habituels. On y trouve donc de l’humour désabusé, des pièges rigolos, de la violence gratuite, des gags gores, des engueulades familiales, de l’avidité, des personnages débiles, des personnages héroïques, des personnages lâches, des personnages vénaux, des personnages gentils, plein de personnages violents, des personnages alcooliques. Les acteurs cabotinent ce qu’il faut, la réalisation est virevoltante sans être illisible, la bande-son se fait discrète mais apporte une touche de décalage bienvenue, les décors sont opportunément kitsch et les références sont nombreuses, du film de vikings à ce bon vieux Piège de cristal.
L’ensemble est fendard, parfois cynique, toujours trash, avec des bastons aussi imaginatives qu’un Bud Spencer et Terence Hill mais aussi brutales qu’un slasher horrifique. Mais il y a aussi, hélas, des passages sucrés, gavés de guimauve de Noël, avec des scènes familiales totalement premier degré qui mettent un peu à mal le soigneux édifice cynico-comique auquel le film aspirait. Violent night a un côté God bless America parfois grandiose, mais la face B est une authentique bluette familiale qui se fait parfois un peu envahissante.
Restent des scènes comiques et gores extrêmement réjouissantes et un rythme entraînant, qui feront de ce film un incontournable des fins d’années à venir chez ceux que l’hémoglobine ne dérange pas.