Dragons 3 : le monde caché
|de Dean DeBlois, 2019, ***
Vous le savez, j’avais adoré le premier Dragons (bourré de détails imaginatifs malgré sa trame globale très classique) et été franchement déçu du deuxième (pataud, bordélique et maladroit dans la gestion de ses personnages). Je suis donc allé voir le troisième avec un petit doute en tête, sans oser espérer qu’il soit du niveau du patriarche mais en priant pour qu’il dépasse l’autre.
Et bien, je crois que mon avis est résumable en deux mots : contrat rempli.
Le bon point, évidemment, c’est que les auteurs ont su boucler leur série. Il serait sans doute possible de créer un quatrième opus, mais le troisième est clairement pensé comme une conclusion : les héros grandissent, finissent leur mutation et trouvent leur rôle et leur place. Après le bordel du second volume, ça fait plaisir de voir une évolution un peu plus logique et une utilisation plus cohérente des personnages.
L’autre bon point, c’est la Furie Éclair, nouvelle venue au panthéon dragonnesque. Crocmou est une sorte de labrador, joueur, bonasse, mais potentiellement dangereux1 ; la Furie Éclair est un husky, classe voire un peu snob, à moitié sauvage et d’un caractère explosif très réussi.
Le mauvais point, c’est ce méchant très très méchant, sans ambiguïté, sans second degré, digne d’un film pour enfants. (Me dites pas que les Dragons sont des films pour enfants : ce sont en théorie des films pour tous, avec un niveau pour les enfants et un second pour les adultes.) Il n’a même pas la présence fascinante d’une Cruella D’Enfer et s’avère simplement pesant, sauf peut-être lorsqu’il nous rejoue Pourquoi d’abord ? avec Kognedur, dans une scène de rapt assez réussie. Le scénario est ainsi fort manichéen, avec les gentils d’un côté, le méchant de l’autre.
Le second mauvais point, c’est cet épilogue à la noix, aussi délicat, subtil et intelligent que le chapitre Dix-neuf ans plus tard de Harry Potter et les reliques de la Mort. D’ailleurs, sans vouloir spoiler, c’est quasiment le même, en fait.
Et puis, s’il a l’avantage d’offrir une vraie évolution vers une vraie conclusion, le scénario souffre de trous assez énormes. Style, c’est Grimmel qui présente la Furie Éclair à Crocmou pour mettre le bazar. Mais curieusement, le lien entre le méchant et la dragonne n’est jamais réutilisé par la suite — alors même que Grimmel a un moyen répréhensible (la drogue c’est mal) de contrôler les dragons !
Je n’ai pas parlé technique parce que, comme d’habitude, il n’y a rien à en dire. Les petits gars de Dreamworks connaissent leur boulot sur le bout des doigts : esthétique, animation, montage, réalisation, tout est nickel, joli, détaillé, fluide, entraînant. On n’a bien entendu pas l’originalité graphique du dernier Spider-Man, mais la maîtrise est évidente, complète et sans accroc.
À part « finir la série », Dragons 3 : le monde caché avait une autre responsabilité : faire oublier Dragons 2. Il s’acquitte de ses deux tâches avec efficacité et, à défaut d’être follement nouveau ou subtil, il fournit une distraction réussie, amusante, pas trop bête, avec une bonne évolution de son univers.