Harry Potter et les reliques de la Mort

de David Yates, 2011, ***

Harry Potter et les reliques de la Mort est le sep­tième et der­nier film de la série. Il a été oppor­tu­né­ment cou­pé en deux. Opportunément pour les pro­duc­teurs bien sûr, qui ont ain­si espoir de dou­bler les recettes d’une his­toire qui tire à sa fin, mais oppor­tu­né­ment aus­si pour l’his­toire : avec envi­ron 4 h 20 de film, Yates (ou plus exac­te­ment son adap­ta­teur, Steve Kloves) n’a pas eu à faire trop de coupes dans l’his­toire, et a pu prendre le temps de déve­lop­per sa nar­ra­tion bien plus que dans les pré­cé­dents opus.

La cou­pure passe plu­tôt bien : la pre­mière par­tie est consa­crée à l’ex­plo­ra­tion glauque et mono­tone d’un uni­vers en déli­ques­cence ; la seconde, au com­bat pour remettre les choses en place. Du coup, cer­tains spec­ta­teurs peuvent regret­ter les lon­gueurs de la pre­mière moi­tié (sor­tie chez nous à l’au­tomne der­nier), et devraient être ravis de la seconde : alors que celle-là était psy­cho­lo­gique, lourde et lente — ce qui était une excel­lente chose, les Harry Potter ayant trop sou­vent été construits sur une suc­ces­sion de scènes d’ac­tion —, celle-ci est bour­rée d’ef­fets spé­ciaux qui pètent et d’ac­tion bru­tale à revendre.

Techniquement, on n’est guère sur­pris de voir un mon­tage ner­veux (Yates a déjà fait dans le même genre sur les deux films pré­cé­dents), une cer­taine vir­tuo­si­té dans l’ac­tion, un éta­lon­nage sombre et sou­vent froid qui va bien aux thé­ma­tiques abor­dées. On est plus sur­pris par l’a­dap­ta­tion en sté­réo­sco­pie ; très soi­gnée, celle-ci est par­ti­cu­liè­re­ment réus­sie sur les objets 3D (en fait ren­dus en vraie sté­réo) et les effets spé­ciaux, mais il reste ce fichu effet théâtre de papier sur les visages, qui res­tent beau­coup trop plats même en gros plan. Encore une fois, je reste fan de la Pace Fusion et très dubi­ta­tif sur l’in­té­rêt des conver­sions, même si au moins celle-ci ne m’a pas fait mal au crâne.

La direc­tion d’ac­teurs est glo­ba­le­ment sans his­toire. Matthew Lewis est un peu plus pré­sent que dans les épi­sodes pré­cé­dents, et c’est une bonne nou­velle ; Rupert Grint, Helena Bonham-Carter et Maggie Smith sont à leur habi­tude excel­lents. Daniel Radcliffe pro­gresse régu­liè­re­ment, et à ce rythme il sera un grand acteur… mais dans une dizaine d’an­nées. Emma Watson est tou­jours aus­si exas­pé­rante, son sur-jeu étant je trouve de plus en plus pré­sent au fil des années (ou peut-être suis-je juste de moins en moins tolé­rant ?). Il n’y a que lors­qu’elle paraît trente-sept ans que ça va mieux : peut-être l’é­pais­seur de maquillage lui bloque-t-elle les sourcils.

Ah, parce que oui, Yates a gar­dé l’é­pi­logue, le pas­sage que tous les fans des bou­quins ont trou­vé lour­dingue, gnan­gnan et super­flu. Ça passe beau­coup mieux dans le film, sans doute parce qu’il est réduit à trente secondes. Il y a tout de même un truc qui m’a frap­pé, c’est la res­sem­blance entre les rou­quines Ellie Darcey-Alden (qui joue la jeune Lily Evans, mère de Harry) et Helena Barlow (qui joue Rose Weasley, fille de Ron et d’Hermione), qui n’a pas fini de faire cau­ser les tenants d’une rela­tion cachée entre Harry et Hermione.

Bref, dans l’en­semble, Harry Potter et les reliques de la Mort est tout ce qu’on pou­vait attendre de lui, avec une fidé­li­té à la tona­li­té du bou­quin un peu inha­bi­tuelle grâce aux deux heures de plus que les autres. C’est donc un très bon divertissement.