打ち上げ花火、下から見るか ? 横から見るか?¹

d’Akiyuki Shinbō et Nobuyuki Takeuchi, 2017, **

« Et si j’a­vais gagné cette course ? »

C’est la ques­tion que Norimichi pose au des­tin après que Nazuna lui avoue que, deux secondes avant de plon­ger, elle avait déci­dé d’in­vi­ter le plus rapide sur cin­quante mètres pour venir voir les feux d’ar­ti­fice sur la plage. Et c’est la ques­tion à laquelle un des­tin facé­tieux décide de répondre : le revoi­là dans la pis­cine, prêt à négo­cier ce virage qu’il a raté la pre­mière fois.

Un lycéen ordi­naire qui peut remon­ter le temps : on pen­se­ra inévi­ta­ble­ment à La tra­ver­sée du temps, de Mamoru Hosoda. Notre his­toire de feux d’ar­ti­fice fait pour­tant des efforts pour s’en éloi­gner, tant gra­phi­que­ment que narrativement.

Graphiquement, c’est soi­gné. Mais pas exempt de cli­chés. — image stu­dio Shaft

Le mélange de tech­niques d’a­ni­ma­tion japo­naise tra­di­tion­nelles et de créa­tion 3D a fait cou­ler beau­coup d’encre chez les cri­tiques, cer­tains y voyant la fusion réus­sie entre l’an­cien et le nou­veau monde, d’autres une ten­ta­tive ratée de faire moderne à peu de frais. Personnellement, je reste un peu entre les deux : j’ai trou­vé cela plu­tôt réus­si, sans être révo­lu­tion­naire. Les feux d’ar­ti­fice par ordi­na­teur sont spec­ta­cu­laires, les pein­tures des décors insu­laires sont superbes, les des­sins des per­son­nages sont expres­sifs, la fusion est sans his­toire. L’ensemble forme un gra­phisme plu­tôt agréable, varié mais pas inco­hé­rent, qui se dis­tingue sans tra­hir ses codes.

Le sou­ci, c’est l’his­toire. Certes, La tra­ver­sée du temps était un opus mineur pour Hosoda, mais il était déjà bien plus sub­til que 花火². En fait, Hitoshi Ōne, scé­na­riste char­gé d’a­dap­ter le moyen-métrage ori­gi­nal, s’est conten­té de dérou­ler son thème : Norimichi veut aider Nazuna, à chaque fois qu’il échoue, il rejoue, avec tou­jours cette soi­rée de feux d’ar­ti­fice en toile de fond. À aucun moment il n’es­saie de creu­ser un peu ses per­son­nages, de leur don­ner du corps au-delà des évi­dences. Résultat ? Le spec­ta­teur finit avec l’im­pres­sion d’a­voir vu un jeu vidéo où, à chaque par­tie, le joueur a un peu plus avan­cé. Sauf qu’il n’y a même pas de vrai boss de fin et qu’on se limite, fon­da­men­ta­le­ment, à une his­toire d’a­mour qui se rejoue d’une séquence à l’autre.

Alors, ces feux d’ar­ti­fice, on va les voir de face ou de côté ? — image stu­dio Shaft

Pas vrai­ment mau­vais et plu­tôt bien fabri­qué, c’est sur­tout un shō­jo roman­tique de base avec au milieu un héros de shō­nen (ie. obs­ti­né, plein de bonnes inten­tions et un peu niais sur les bords). Ça doit donc bien fonc­tion­ner chez les jeunes ado­les­cents, mais il manque cruel­le­ment un deuxième niveau de lec­ture pour un public un peu plus mûr.

¹ Vous connais­sez la posi­tion du Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses : si c’est pour avoir un titre étran­ger, autant gar­der l’o­ri­gi­nal — qui, en gros, signi­fie un truc du genre : « Feux d’ar­ti­fice, à regar­der par en-des­sous ou par le côté ? » et pour­rait fort uti­le­ment être tra­duit par « Feux d’ar­ti­fice ». Notez tout de même que si vous tenez à le voir dans un ciné­ma fran­çais, il fau­dra prendre un ticket pour « Fireworks ».

² Abrégeons un peu : 花火 (« hana­bi »), c’est facile à lire, il y a juste les idéo­grammes de la fleur et du feu. Oui, un feu d’ar­ti­fice, pour un Japonais, c’est lit­té­ra­le­ment un feu flo­ral. Il y a des jours où j’a­dore cette langue.