Snoopy et les Peanuts — le film
|de Steve Martino, 2015, ****
Charlie Brown. Looser magnifique, toujours vaguement déprimé mais jamais réellement abattu, son côté têtu et son obstination forcent l’admiration même si son cas est de toute évidence désespéré — au point que ses camarades ont tendance à le considérer comme une catastrophe ambulante, malgré toute la sympathie qu’ils peuvent avoir pour lui. Faire voler un cerf-volant, réussir un test scolaire et adresser la parole à la petite fille rousse sont des tâches surhumaines, et sa vie est une suite de gags malencontreux.
Près de cinquante ans de strips de Martin Schultz ont établi une véritable bible, toujours basée sur des histoires d’une poignée de cases. Adapter Peanuts en film, c’est donc un pari : il faut forcément créer une intrigue suivie justifiant le film, mais elle doit respecter la tonalité de l’œuvre d’origine.
Dans l’ensemble, Steve Martino et son équipe peuvent dire : « mission accomplie ». Ils ont réussi d’abord à moderniser les personnages, réalisés en 3D sans trahir le trait du dessinateur. Ils ont réussi ensuite à créer une double intrigue respectueuse du ton d’origine : Charlie déroule ses mésaventures autour du fil rouge de la petite fille rousse, et Snoopy justifie ses délires contre le Baron Rouge en écrivant un roman. L’ensemble est plutôt drôle, bien fait, accessible aux jeunes et suffisamment rythmé pour plaire aux moins jeunes.
L’inévitable regret, pour les tristes sires dans mon genre, c’est la morale de l’histoire, façon « l’acharnement finit par payer ». J’aimais bien la façon dont, justement, tous les efforts de Charlie étaient condamnés par avance à rester vains, même si Schultz lui-même avait dit que ça ne lui déplairait pas qu’il parvienne à frapper une balle ou à embrasser la petite fille rousse un jour. Ici, il finit par quasiment remplir sa liste de vœux et, bien que je comprenne cette nécessité scénaristique dans un film tout public, mon côté sadique est un peu déçu.
Pas de quoi toutefois me faire regretter d’avoir consacré 1h30 de mon temps à cette adaptation fort agréable.
Un petit agacement tout de même : le film poursuit la tradition de traduction débile, se centrant sur Snoopy alors qu’il n’a toujours été qu’un personnage secondaire.