Plan cœur
|de Noémie Saglio et Julien Teisseire, depuis 2018, ****/*
Quand on a des amies pareilles, on n’a pas besoin d’ennemies.
C’est ce que devrait se dire Elsa. Sa meilleure copine, lasse de la voir déprimer deux ans après sa dernière rupture, lui offre… un gigolo. Sans lui dire, bien sûr, sinon ça serait pas drôle. Elsa croit donc rencontrer un mec plutôt mignon, sympa, qui partage ses goûts et ses passions, sans savoir qu’elle discute avec un professionnel bien briefé par la personne qui la connaît le mieux.
La première saison de Plan cœur est un bon départ pour expliquer le concept de suspension volontaire de l’incrédulité. Les fondations même de la série sont totalement bancales. Le plan de Charlotte n’a absolument aucune raison de marcher : qui peut croire que se taper un mec sans savoir que c’est un gigolo peut redonner confiance à quelqu’un et la pousser à en chercher un autre ?
Oui, mais.
Mais si vous faites l’effort d’oublier que ce n’est pas crédible une seconde, vous allez trouver une série vive, amusante, légère, qui tourne comme un coucou suisse au fil de dialogues ciselés et de personnages juste assez caricaturaux pour pouvoir jouer avec leurs stéréotypes. Les actrices aident beaucoup à faire passer l’affaire, chacune tenant parfaitement son rôle. On sourit, on rit, on se prend le visage dans les mains tellement c’est affligeant, mais ça relance toujours d’une bonne vanne ou d’un rebondissement enjoué avant de devenir lourd.
Tout repose donc sur ce deal : oubliez que c’est aberrant, et vous passerez trois très bonnes heures.
Ensuite vient la saison 2. Et là, comment dire… On n’est plus dans la suspension volontaire de l’incrédulité, mais dans le bêtement et gratuitement stupide. L’idée qui avait lancé l’histoire était absurde, mais reposait sur une certaine logique, et la suite en découlait assez naturellement.
Dans la seconde saison, le mantra des scénaristes semble être quelque chose comme : si l’histoire risque de se dénouer, c’est qu’il est temps que quelqu’un sorte un mensonge, là comme ça, juste pour la relancer. Il ne s’agit plus de demander au spectateur de regarder ailleurs quand on coule des fondations en carton, mais de renoncer définitivement, à chaque séquence ou presque, à voir les trous béants que les auteurs creusent pour éviter de recourir à une logique quelconque.
Certes, le casting reste excellent, certes, les dialogues continuent à fuser, mais ce qui était fun, un peu absurde et insouciant devient stupide, complètement aberrant et gluant.
Il y a des séries qui gagnent en qualité, d’autres qui perdent. Plan cœur est indéniablement de celles-ci. Regardez donc les huit premiers épisodes, savourez-les, et considérez que ça s’arrête là.