Brooklyn Nine-Nine

de Dan Goor et Michael Schur, depuis 2013, ****

New York, ville du crime : meurtres, vols à main armée, enlè­ve­ments, cor­rup­tion, abus de bien social… Pour rele­ver un peu l’am­biance, les farces de l’ordre ont fort à faire. Heureusement, elles peuvent comp­ter sur le Lt Peralta, du 99è arron­dis­se­ment de police, qui sera adulte un jour mais pas tout de suite, il est trop occu­pé à cher­cher les occa­sions de pla­cer « hey, ça pour­rait être le titre de ta sex-tape » dès que le Lt Santiago ouvre la bouche1 ou à orga­ni­ser le vol du badge du psy­cho­ri­gide Cpt Holt avec son éter­nel aco­lyte, le Lt Boyle. Et comme ce sont des offi­ciers de police, il leur arrive aus­si, de temps en temps, de mener une enquête ou d’ar­rê­ter des méchants, sur­tout quand Santiago et Peralta font un pari sur qui fer­me­ra le plus de dos­siers d’i­ci vendredi.

Sérieux, « j’a­dore pécho des méchants, oh Amy, ça pour­rait être le titre de ta sex-tape », c’est TOUT ton brie­fing mati­nal ? — pho­to Fox

Alors voi­là, c’est très, très con. Le niveau de conne­rie que l’on n’at­teint qu’en se creu­sant sérieu­se­ment les méninges à la recherche d’une idée encore plus lou­foque que la pré­cé­dente. C’est aux séries poli­cières ce que Scrubs était à Urgences, avec le même mélange de « fau­drait quand même pla­cer un bout d’en­quête çà et là » et de « tout est per­mis si ça a une chance d’être drôle ». Et il y a des moments où les Police aca­de­my font, en com­pa­rai­son, figure de films sérieux et intellos.

Oui, mais. Mais, comme Scrubs du reste, Brooklyn Nine-Nine sait aus­si pla­cer une pique plus sérieuse de temps en temps, faire rire un peu jaune, inté­grer de la vraie nour­ri­ture à sa farce. C’est en par­ti­cu­lier le cas avec les dis­cri­mi­na­tions, à tra­vers des répliques comme le « dans les années 80, j’a­vais un par­te­naire très ouvert — bon, il détes­tait les pédés, mais il n’é­tait pas raciste » du vieux flic noir et homo, à tra­vers la fli­quette qui hésite à par­ler de sa copine à ses col­lègues, ou encore à tra­vers le moment où les riva­li­tés poli­tiques de la police de New York obligent les gens bien à choi­sir entre pro­mou­voir l’é­ga­li­té des sexes et celle des races. D’autres sujets plus anec­do­tiques appa­raissent en pas­sant, tels la dif­fi­cul­té de conju­guer vie pro­fes­sion­nelle et nais­sances, le choc fron­tal entre la géné­ra­tion qui devait trou­ver une cabine pour pas­ser un coup de fil et celle qui tweete son quo­ti­dien au bureau, ou la déli­cate réin­ser­tion après des mois d’in­fil­tra­tion dans la mafia locale.

Évidemment, tu es com­pé­tent, effi­cace, juste. Mais enfin très cher, deve­nir com­mis­saire géné­ral, c’est une ques­tion de poli­tique. — pho­to Fox

Le résul­tat n’est pas par­fait, mais plu­tôt équi­li­bré et tou­jours ryth­mé. Évidemment, cer­tains gags font dans la faci­li­té plus que dans la finesse, bien enten­du, les acteurs cabo­tinent à mort (sur­tout à Halloween), indis­cu­ta­ble­ment, la série tourne par­fois un peu en rond à par­tir de la troi­sième sai­son. Mais c’est drôle, entraî­nant, par­fois atta­chant et sou­vent moins bête qu’il n’y paraît — bien que ça soit tou­jours très, très con.

  1. Hey, ça pour­rait être le titre de sa sex-tape.