Deadpool 2

de David Leitch, 2018, *

N’y allons pas par quatre che­mins : ce deuxième Deadpool com­porte une scène abso­lu­ment géniale, celle où le héros va voir Ryan Reynolds qui vient de lire le script de Green lan­tern. Grandiose, par­fai­te­ment réus­sie, hila­rante, elle fait oublier tout le reste du film.

Et cela est bien. Parce qu’ou­blier le reste du film, c’est exac­te­ment ce que j’a­vais envie de faire en sortant.

Le para­chu­tisme, source des meilleurs gags. — pho­to Twentieth Century Fox

L’art de la paro­die est déli­cat : il faut d’une part reprendre les codes du genre que l’on paro­die, d’autre part jouer avec, les détour­ner de manière inat­ten­due, tout cela en ajou­tant de quoi faire rire le spec­ta­teur en mon­trant qu’on ne se prend pas au sérieux, mais en racon­tant tout de même une his­toire. Le pre­mier Deadpool, quoique rejoi­gnant sou­vent le côté gras de la farce, y par­ve­nait fort bien, notam­ment en inver­sant réso­lu­ment les choses impor­tantes dans les films de super-héros.

Et c’est pré­ci­sé­ment le tapis dans lequel le deuxième volume se prend les pieds. Peut-être par envie de paro­dier le pre­mier (et vous savez que la méta-paro­die est sou­vent vouée à l’é­chec), il repose presque tota­le­ment sur le ter­ri­ble­ment clas­sique « je te ven­ge­rai, mon amour » qui a plom­bé des géné­ra­tions de films de super-héros. Et pas pour retour­ner ce pon­cif, non : pour s’y vau­trer avec le sérieux et l’a­char­ne­ment de quel­qu’un qui croit sin­cè­re­ment que c’est une bonne idée. Tous ces pas­sages de gui­mauve lar­moyante cassent tota­le­ment le rythme et la tona­li­té du film en ten­tant d’hu­ma­ni­ser et de gran­dir le per­son­nage — dont la morale variable et la pué­ri­li­té étaient jus­te­ment les prin­ci­pales qualités.

Je me demande si je suis pas beau­coup trop pré­sente dans ce film… — pho­to Twentieth Century Fox

À côté de ça, il y a bien des vannes faciles, de l’hu­mour absurde, de l’hu­mour gras, du comique de situa­tion fran­che­ment mar­rant (ah, les atter­ris­sages des para­chu­tistes…) et de l’ac­tion vire­vol­tante. Mais ça ne suf­fit vrai­ment pas à com­pen­ser ce gros mélo lour­dingue qui enva­hit la moi­tié de ce qui devait être une comé­die insolente.