Baby driver

illu­mi­na­tion d’Edgar Wright, 2017

« Baby, tu peux conduire ma voi­ture. » Pas de bol pour Baby, qui vient de bra­quer une Mercedes dans un par­king : ça n’est pas une jolie actrice qui lui dit ça, mais le pro­prié­taire du véhi­cule, acces­soi­re­ment chef de gang, qui lui explique qu’il va devoir rem­bour­ser sa dette. Et le voi­là, lunettes de soleil sur le nez et écou­teurs dans les oreilles, garé moteur tour­nant devant des banques, atten­dant ses col­lègues du jour pour filer à l’an­glaise tout en comp­tant les casses qui le séparent de la liberté.

Pas de doute : c’est bien un thril­ler ten­du. — pho­to Wilson Webb pour TriStar et Sony Pictures

À pre­mière vue, Baby res­semble un peu au chauf­feur de Drive. Comme lui, il est bon, comme lui, il parle peu, comme lui, il cherche la sortie.

Mais Baby est cool. Tout juste sor­ti de l’a­do­les­cence, il écoute de la musique des années 60 à 2000, rap­porte les cafés pour ses cama­rades et assiste aux pré­pa­ra­tions des casses avec la même non­cha­lance décom­plexée qu’un lycéen de ter­mi­nale S dans un cours de philo.

Pas de doute : c’est bien un film de bra­quage. — pho­to Sony Pictures

Tout le film tourne autour de Baby et, du coup, tout le film est éga­le­ment cool. On pioche des réfé­rences à droite à gauche, on pompe tous les aînés qui ont un jour fait un film de casse, une course-pour­suite auto­mo­bile ou une bluette pour ado­les­centes, on sert frais avec une bande-son qui, pour une fois, a un vrai rôle dans le film…

Le résul­tat, c’est un peu Drive sur le rythme de Bullitt, avec des échos de Thelma et Louise ou de God bless America, de l’hu­mour à la Ocean’s ele­ven tout un lor­gnant sur le teen-movie/­po­lar à la 21, et ce bor­del évo­lue à chaque scène comme on passe d’Ennio Morricone aux Beach Boys ou de Lionel Richie à DJ Shadow.

Pas de doute : c’est bien une bluette pour ados. — pho­to Wilson Webb pour TriStar et Sony Pictures

Un grand film ? Peut-être pas. Mais un tour­billon écla­tant de bonne humeur, un bra­quo éva­dé des années 70 qui joue sur tous les codes du genre, mais qui ne se prend jamais au sérieux et ne recule devant aucun petit délire en pas­sant. En fait, c’est exac­te­ment le film que j’a­vais envie de voir depuis des lustres sans le savoir.