Teenage Mutant Ninja Turtles : Out of the Shadows¹

de Dave Green, 2016, *

Vous vous sou­ve­nez peut-être que j’a­vais détes­té le pre­mier Tortues nin­ja pro­duit par Michael Bay, qui au lieu d’une paro­die mar­rante et déli­bé­ré­ment stu­pide était deve­nu une pâte pesante, tou­jours aus­si conne mais tota­le­ment dépour­vue d’a­mu­se­ment. Je n’a­vais donc pas pré­vu de voir la suite, mais j’ai des amis sadiques qui m’ont dit en gros : « chiche d’al­ler le voir en même temps que Camping 3″. Et je sais tou­jours pas résis­ter à un « chiche » bien placé.

Je pense que mes amis doivent être déçus. Parce que j’ai beau­coup moins de fiel à déver­ser sur la suite que sur l’i­ni­tial, et que j’ai pas­sé un bien moins mau­vais moment que ce qu’ils espéraient.

Je te tiens, tu me tiens… - photo Paramount Pictures
Je te tiens, tu me tiens… — pho­to Paramount Pictures

Les tor­tues nin­ja sortent de l’ombre, nous dit donc le titre¹. Elles sortent sur­tout de la boue. Alors que le pre­mier oubliait la nature même de la série (un comics paro­dique à la base) en se concen­trant sur les aven­tures d’April repor­ter, le deuxième se recentre sur les tor­tues, les rêves de gloire de Michelangelo et les réac­tions des bipèdes quand ils croisent des mutants. Il reprend éga­le­ment des per­son­nages essen­tiels des des­sins ani­més — Bebop, Rocksteady, Casey Jones et Krang — qui avaient été délais­sés il y a deux ans.

L’arrivée du pha­co­chère et du rhi­no­cé­ros par­ti­cipe beau­coup à remettre le fil sur les bons rails, ceux de la paro­die et du grand n’im­porte quoi déli­rant. C’est pas plus intel­li­gent que le pre­mier, mais plus fun, avec des gags qui fonc­tionnent mieux jus­te­ment parce que cette fois, ils assument leur ridicule.

On était pas beaux dans les années 90, nous voilà encore plus moches et encore plus cons. On assume. - photo Lula Carvalho pour Paramount Pictures
On était pas beaux dans les années 90, nous voi­là encore plus moches et encore plus cons. On assume. — pho­to Lula Carvalho pour Paramount Pictures

Réalisation et mon­tage sont tou­jours soi­gnés, et le film pour­rait presque arri­ver dans les dis­trac­tions hon­nêtes s’il ne souf­frait de deux très gros défauts. D’abord, les acteurs sont uni­ver­sel­le­ment mau­vais, au point que Raphael trans­met presque plus d’é­mo­tion qu’April et Casey réunis. Ensuite, on retrouve régu­liè­re­ment des mau­vais réflexes michael­bayesques. Il y a notam­ment le finale ridi­cule où Krang veut construire une étoile de la mort : outre le fait que cette scène ne res­pecte abso­lu­ment pas sa propre tem­po­ra­li­té (il reste quatre minutes pour sau­ver le monde, mais elle dure un quart d’heure), elle en fait beau­coup trop, pous­sant ses effets jus­qu’à l’in­co­hé­rence et nui­sant fina­le­ment au but recher­ché. Il y a sur­tout l’é­pi­logue gran­di­lo­quent à base de great Nation et de vrais héros, sur fond de sta­tue de la Liberté, qui rap­pelle la moi­tié des œuvres du pro­duc­teur et fonc­tionne à peu près aus­si bien que La chute de Londres.

L’ensemble finit donc sur une note fran­che­ment lourde qui bou­sille tran­quille­ment ce qu’on avait presque envie de sau­ver. Mais dans l’en­semble, le côté paro­dique plus assu­mé rend les quatre pre­miers cin­quièmes du film beau­coup plus réus­sis que le pré­cé­dent opus.

¹ La dis­tri­bu­tion fran­çaise a repris la non-tra­duc­tion du pre­mier titre et lui a acco­lé un 2. Ça n’est donc tou­jours pas une tra­duc­tion, ce qui jus­ti­fie­rait de remettre le titre fran­çais Tortues nin­ja qui suit la série depuis son ori­gine. Cependant, le sous-titre anglais ayant son impor­tance, le Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses a déci­dé de conser­ver le titre ori­gi­nal pour ce deuxième opus.