En avant

de Dan Scanlon, 2020, ***

Avant, l’u­ni­vers était magique. Mais bon, on a inven­té l’élec­tri­ci­té, le moteur à explo­sion et l’ad­mi­nis­tra­tion, et la magie s’est dou­ce­ment étio­lée : elfes, cen­taures, lutins et consorts sont désor­mais des citoyens pro­duc­tifs d’une morne socié­té ordi­naire. Là, deux elfes orphe­lins tombent sur un sort qui devrait rame­ner leur père pen­dant une jour­née ; mais l’ex­pé­rience n’é­tant qu’un suc­cès par­tiel, ils doivent par­tir en quête d’une gemme qui leur per­met­trait de cor­ri­ger le tir.

Ian et les lycéens
C’est bien la peine d’être des créa­tures magiques pour vivre comme n’im­porte quels humains… — image Disney/Pixar

Soyons hon­nêtes : c’est un Pixar mineur. Comme Rebelle, il se contente de dérou­ler une trame assez pré­vi­sible et clas­sique. Les deux fran­gins très dif­fé­rents doivent apprendre à s’ap­pré­cier et à res­pec­ter leur mère et leur beau-père (ah oui, la famille, hein), et la quête a exac­te­ment le dosage atten­du d’as­pects ini­tia­tiques, de ten­sion, de récon­ci­lia­tion, d’imprévus hale­tants et d’hu­mour potache.

La gale­rie de per­son­nages est plu­tôt bien bros­sée, mais elle non plus ne sort guère des cli­chés habi­tuels, et le film est sur­tout sau­vé par un rythme par­fait, une réa­li­sa­tion sans faille, une humeur entraî­nante et des décors variés qui four­nissent des épreuves originales.

Ian, Barley et 1/2 Papa
Le sort de résur­rec­tion fonc­tionne à moi­tié. — image Disney/Pixar

Oh, et un vrai bon point : contrai­re­ment à trop de films récents, le finale n’est pas pour le réa­li­sa­teur le moment de mon­trer sa maes­tria pen­dant une demi-heure. Il se pro­longe assez pour sou­te­nir le sus­pense (encore qu’on n’a guère de doute sur la fin), mais sait s’ar­rê­ter avant de lasser.

C’est donc un petit film dis­trayant, tout à fait recom­man­dable, mais qui reste loin des inter­pré­ta­tions mul­tiples et des niveaux de lec­ture imbri­qués des grands Pixar comme Wall⋅E et Vice-ver­sa.