Les nouveaux mutants
|de Josh Boone, 2020, ****
Dani se réveille à l’hosto. Enfin, l’hosto… La toubib lui explique qu’elle est une mutante, comme les célèbres X‑Men, et qu’en attendant qu’elle maîtrise ses pouvoirs, elle doit rester dans cet établissement. Les quatre autres pensionnaires, un péquenot du Midwest, un petit bourge brésilien, une protestante écossaise et une psychopathe sibérienne, ont tous tué des gens au cours de crises, et il n’est pas question de laisser des jeunes impulsifs traîner dans l’espace public.
Après, bon, ben ça part un peu en couille. Il se passe des trucs chelous, les patients ont des visions terrifiantes et palpables, et la toubib paraît pas toujours très franche…
Les X‑Men, d’habitude, c’est des histoires de super-héros. Y’a du fantastique, des pouvoirs, des vilains, une équipe de gentils avec un type en fauteuil, de la baston, tout ça. Mais de temps en temps, un film sort du lot. C’était le cas de Logan, sublime, contemplatif, psychologique, aride et brutal. Dans un tout autre registre, c’est aussi le cas des Nouveaux mutants, que Josh Boone a écrit et réalisé comme un film unique, qui se déroule dans l’univers des X‑Men contemporains mais n’a que très peu de liens avec eux.
Les nouveaux mutants se distingue par un point simple : ce n’est pas un film de super-héros. Il n’y a pas vraiment de super-vilain à abattre, pas vraiment de super-pouvoirs qui sauvent le monde. Il a en revanche l’ambiance pesante, l’ambiguïté permanente, le huis-clos étouffant, la tension psychologique et le petit truc qui cloche dès l’ouverture qui signent les bons films d’horreur. La tonalité est donc plus proche d’un roman de Stephen King que d’un comics adapté par Bryan Singer.
Bien sûr, ça n’est pas parfait : le film surjoue un peu certains effets (notamment les tensions entre adolescents), le grand finale est un poil moral, le play-boy brésilien est trop play-boy brésilien de service. Oh, et il y a Adam Beach, aussi. Par ailleurs, l’ayant vu en français1, j’ai noté un doublage assez inégal, voire franchement mauvais sur certaines scènes, avec des intonations ne collant tout simplement pas à la situation.
Mais ce thriller ado demeure un excellent petit huis-clos fantastique, qui étend astucieusement l’univers des X‑Men et y injecte une liberté de ton et une originalité qu’on ne lui connaissait pas.