I am not okay with this
|de Jonathan Entwistle et Christy Hall, 2020, ****
Sydney est banale. 16 ans, ni moche ni belle, intelligente sans excès, raisonnablement cynique et mal dans sa peau. Son super-pouvoir : faire chier sa mère, surtout depuis la mort de son père.
Du moins, c’est ce qu’elle croit. Parce qu’en vrai, cette Daria auburn sans lunettes s’aperçoit qu’elle a un autre super-pouvoir : faire saigner du nez Brad, le beau gosse de service, qui a la prétention facile de ceux à qui tout a été donné et le cerveau vide d’un sportif de lycée. Et puis, il semblerait qu’elle puisse aussi fissurer un mur dans un moment de colère. Ou faire tomber les marchandises de l’épicerie. Ou encore…
Jonathan Entwistle, pour les distraits du fond, c’est le premier réalisateur de The end of the f***ing world. C’est donc la deuxième fois qu’il adapte un comics de Charles Forsman. On ne sera donc pas surpris que I am not okay with this soit également entraînant et bien barré, oscillant entre cynisme et naïveté sans trop s’attarder sur la morale. C’est aussi très naturel et, à ce titre, parfois un peu superficiel — les adolescents n’ont pas que des centres d’intérêt profonds. En outre, les relations entre Sydney et sa mère sont un peu survolées et caricaturales.
Mais ce n’est pas très grave : c’est souvent drôle et grinçant, c’est extrêmement bien interprété, et c’est idiot juste ce qu’il faut. Et, surtout, ça va au bout de sa logique, avec un finale explosif fendard qu’on n’osait espérer.
Cette petite série américaine à l’esprit totalement britannique dure moins de trois heures : elle se déguste donc aisément en une soirée et, entre nous, il serait dommage de s’en priver.