Celle qui a tous les dons¹

de Colm McCarthy, 2016, ****

La mode des zom­bies ne semble pas vou­loir pas­ser. Mais, quelque part, ne nous plai­gnons pas : si ça peut paraître un peu las­sant par­fois, ça per­met aus­si de voir des choses aus­si dif­fé­rentes que Dernier train pour Busan, un sur­vi­val en huis-clos au rythme effré­né, et Maggie, drame contem­pla­tif sur la fin de vie.

C’est bon là, je viens de man­ger, je suis pas dan­ge­reuse. — pho­to Aimee Spinks pour Gift Girl Ltd

Avec Celle qui a tous les dons, on part réso­lu­ment dans une direc­tion rare­ment explo­rée : et si les zom­bies étaient en fait la source de la pro­chaine huma­ni­té ? Un cham­pi­gnon a trans­for­mé la plu­part des bipèdes en mor­fales infa­ti­gables, qui se dirigent au bruit et à l’o­deur vers tout ce qui se mange et conta­minent tout ceux qu’ils ne tuent pas. Mais une poi­gnée d’en­fants semblent vivre en sym­biose avec l’agent patho­gène : ils ont une san­té de fer et, en dehors des fré­né­sies ali­men­taires, se révèlent intel­li­gents et sen­sibles. Une cher­cheuse les uti­lise pour déve­lop­per un vac­cin, et se retrouve logi­que­ment bien­tôt en cavale avec une ins­tit, la der­nière zom­bie intel­li­gente et les restes de la caserne char­gée de les protéger.

Un cas­ting de bon niveau pour un pre­mier film — mais le réa­li­sa­teur est connu dans l’u­ni­vers des séries, ça a dû aider. — pho­to Aimee Spinks pour Gift Girl Ltd

Le résul­tat est un mélange très inté­res­sant, jouant sur les codes du sur­vi­val, sur ceux du film de zom­bies et dans une cer­taine mesure sur ceux du film où un élu doit sau­ver le monde. L’œuvre se réin­vente régu­liè­re­ment en chan­geant de rythme et en ajou­tant des thé­ma­tiques pour évi­ter l’es­souf­fle­ment, avant de bou­cler sur un retour­ne­ment par­fai­te­ment maî­tri­sé. La réa­li­sa­tion est tota­le­ment effi­cace, la direc­tion d’ac­teurs éga­le­ment, et l’en­semble pro­fite d’une cer­taine sobrié­té évi­tant d’en faire des tonnes.

Plutôt simple en fin de compte mais bien fichu, ce pre­mier film modeste et agréable est en tout cas bien meilleur que bien des choses plus hup­pées sor­ties ces der­nières semaines.

¹ Le pré­sident du Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses a été admis aux urgences psy­chia­triques après avoir atta­qué au cou­teau à beurre une affiche du film The last girl à l’UGC Paris 18. Dans son délire para­noïaque, il répé­tait en boucle : « ils ont tra­duit, ils ont tra­duit et en même temps ils ont mis en anglais, ils ont fait l’ef­fort de tra­duire mais ils ont créé un nou­veau titre en anglais… » Nous lui sou­hai­tons un prompt réta­blis­se­ment et espé­rons le retrou­ver dès mer­cre­di pour la sor­tie de Na mleč­nom putu et Hounds of love.