Gone girl

de David Fincher, 2014, ****

Parfois, David Fincher fait un film vache­ment bien. Et du coup, on est déçu, parce que quand on s’est fait connaître avec Alien³, qu’on a enchaî­né un des meilleurs thril­lers des années 90 et un véri­table coup de poing anar­cho-nihi­liste avant de faire le film le plus claus­tro­pho­bo­phile de l’his­toire, quand on a même réus­si à mar­cher dans les traces d’Oplev sans se cas­ser la gueule, se conten­ter de « vache­ment bien », ça laisse un peu sur sa faim.

Gone girl, c’est un peu ça. C’est un polar, solide, plein de faux-sem­blants et de plans plus ou moins machia­vé­liques qui se nouent et se dénouent. C’est une gale­rie de psy­cho­pathes et d’in­no­cents, et de psy­cho­pathes inno­cents. Une enquête noire et com­plexe dans un uni­vers propre et lim­pide, où rien n’est ni tout à fait vrai, ni véri­ta­ble­ment faux. En cela, ça lorgne sur des Usual sus­pects ou des Seven.

Mais c’est aus­si un simple polar, beau­coup trop clas­sique, où la femme fatale est trop fatale pour être hon­nête, et dont les clefs sont trop claires et trop lisibles. Du coup, les rebon­dis­se­ments qui devraient don­ner envie de le revoir pour com­prendre où on aurait dû com­prendre (vous savez, le « oh putain, la por­ce­laine de Kobayashi, je l’a­vais vue pour­tant ! ») deviennent des retour­ne­ments atten­dus (« ah, c’est donc ça… »).

Dans l’en­semble, Gone girl est un bon moment, au rythme et à l’am­biance bien gérés, doté d’une pho­to soi­gnée et presque bien joué (Ben Affleck a mis quinze ans à pas­ser de « acteur naze tota­le­ment à contre-into­na­tion » à « acteur cor­rect capable de tenir un rôle solide », on peut donc pen­ser qu’il nous bou­le­ver­se­ra dans un grand rôle vers 2025). Les ama­teurs de polars à clefs, d’am­biances lourdes et de faux-sem­blants seront aux anges.

Mais c’est aus­si « juste » un très bon polar, qui ne sort pas des codes du film du genre.