Maintenant c’est ma vie

de Kevin Macdonald, 2013, ****

Une jeune fille, des fleurs, l’af­fiche gen­tillette et le titre façon mélo fran­çais, tout ça ne rend pas jus­tice au film.

Parce que bon, bien sûr, ça com­mence comme une niai­se­rie vue cent fois : la gamine revêche, cita­dine et amé­ri­caine qui débarque chez ses cou­sins cam­pa­gnards gal­lois et doit se faire à leur monde bon gré, mal gré, ça colle effec­ti­ve­ment à l’affiche.

Sauf que dès le départ, l’am­biance est pour­rie : si le rap­pro­che­ment entre Daisy et ses cou­sins est trai­té par des­sus la jambe, l’ab­sence conti­nuelle des adultes, pris par les ten­ta­tives d’é­vi­ter ce qui pour­rait être une guerre mon­diale, donne un écho par­ti­cu­lier à la liber­té insou­ciante des gosses.

Ensuite, le film décolle bru­ta­le­ment, pas­sant d’un coup de l’a­mou­rette gnan­gnan à l’i­so­le­ment inquiet façon Malevil. À par­tir de là, c’est une pro­gres­sive des­cente aux enfers où chaque bonne nou­velle poten­tielle tourne au coup dur et où Daisy doit sor­tir un peu de sa coquille de sno­bisme new-yorkais.

Bien sûr, la fin est un peu bizarre, bou­clant la boucle pour reve­nir à la pre­mière par­tie avec une cer­taine lour­deur. Bien sûr, l’en­semble s’oc­cupe un peu trop de l’a­mou­rette et pas assez de l’é­vo­lu­tion de ses per­son­nages. Bien sûr, on peut trou­ver bizarre de faire coha­bi­ter la vie au grand air d’un groupe de gosses et l’a­po­ca­lypse nucléaire.

Ça n’empêche que c’est très joli (Franz Lustig, direc­teur de la pho­to­gra­phie de Land of plen­ty, content de te retrou­ver), très bien joué, et que per­son­nel­le­ment, j’aime bien ce film à l’i­mage de la vie, avec des moments de grâce et des lour­deurs, des pas­sages gais et des scènes d’une dure­té presque insou­te­nable, du lou­foque bri­tan­nique et du terre-à-terre amé­ri­cain, des amou­rettes et des guerres atomiques.