Melancholia

de Lars von Trier, 2011, *

Y’a pas d’âge pour apprendre. Par exemple, hier encore, je consi­dé­rais Kirsten Dunst comme une actrice cor­recte, capable de pas­ser inaper­çue dans des grosses machines hol­ly­woo­diennes (Spider-Man ou Jumanji) et d’être vague­ment char­mante dans des trucs plus ori­gi­naux (Eternal sun­shine of the spot­less mind), mais dont la prin­ci­pale qua­li­té était un phy­sique ave­nant. Aujourd’hui, je la vois comme une actrice éblouis­sante, jouant admi­ra­ble­ment sur les registres tristes et angois­sés, inat­ta­quable aus­si bien lors­qu’il s’a­git de mimer le déta­che­ment de la dépres­sion, le doute cyclo­thy­mique, le sage aban­don fata­liste, la révolte bru­tale des valeurs ou le rire cris­tal­lin d’une femme joyeuse d’être en retard à son mariage.

Bref, Kirsten et la révé­la­tion du film, au moins en ce qui me concerne.

Les autres acteurs sont éga­le­ment très bons, mais c’est plus habi­tuel quand il s’a­git de Charlotte Rampling ou John Hurt…

Après, il faut se faire à von Trier, et ça, c’est plus com­pli­qué. Le sens du rythme, la camé­ra à l’é­paule juste pour faire style, le pro­pos intel­lo-snob et la construc­tion arbi­traire du scé­na­rio (qui construit l’op­po­si­tion entre deux sœurs, fai­sant pas­ser l’une de la cyclo­thy­mie au fata­lisme et l’autre de l’or­ga­ni­sa­tion à la folie), fran­che­ment, ça a un vrai côté lan­guis­sant. Melencholia dure des plombes et, s’il contient de vraies bonnes idées, il ne raconte fina­le­ment rien — ou alors, il en dit bien plus long sur l’e­go de son auteur-réa­li­sa­teur que sur ses personnages.

Entendons-nous bien : ça reste infi­ni­ment meilleur qu’Antichrist (d’ailleurs, von Trier ne s’est cette fois pas sen­ti obli­gé d’es­sayer de nous réveiller avec d’i­nu­tiles scènes de cul). Mais c’est quand même bien chiant, sur la durée.