Jeux d’enfants

de Yann Samuell, 2002, ***

On a sans doute tous au moins une his­toire qui a foi­ré parce qu’on s’est lais­sé enfer­mer dans un jeu — per­son­nages, défis idiots, simu­la­tion, que sais-je… — et qu’on n’a pas réus­si à en sor­tir. Une rela­tion, fina­le­ment, c’est un peu comme une vie : ça doit com­men­cer léger, mais c’est sen­sé prendre de la pro­fon­deur à un moment don­né, et il ne faut pas rater ce cap. C’est le pro­blème de Sophie et Julien, dont la rela­tion com­mence à l’é­cole pri­maire par un « cap” ? » et qui n’ar­rivent plus à sor­tir de cette suc­ces­sion de défis, jus­qu’à se pour­rir la vie faute de savoir lâcher un « pas cap” ».

Alors bon, voi­là, c’est par­fois très amu­sant (la pre­mière scène dans le bureau du direc­teur est à se tordre de rire), par­fois conne­ment émou­vant (le bis­trot), et ça évite le côté mora­li­sa­teur gnan­gnan de cer­tains films fran­çais de la même époque (non, je suis pas encore en train de cas­ser du sucre sur Le fabu­leux des­tin d’Amélie Poulain. Bon, d’ac­cord, peut-être un peu ^^). Au contraire, c’est sou­vent plu­tôt cynique et acide, et ça lui va bien au teint — l’en­semble est colo­ré dans une sorte de simu­la­tion de trai­te­ment croi­sé à la fois oni­rique et rétro. C’est aus­si très bien joué, et cher­chez pas, c’est la pre­mière fois que je dis ça d’un film avec Marion Cotillard¹.

Mais au final, quand on prend l’en­semble du film, c’est un peu lourd. Un peu cari­ca­tu­ral. La conclu­sion en par­ti­cu­lier est d’un ridi­cule ache­vé, alors qu’un « cut » à la sor­tie de l’hô­pi­tal aurait été tel­le­ment grandiose !

Du coup, alors que nombre de say­nètes sont pro­pre­ment excel­lentes, Jeux d’en­fants n’est qu’une comé­die fran­çaise de plus, à voir une fois un soir où ça passe à la télé et où on n’a per­sonne avec qui sor­tir boire un verre.

¹ Oui, c’est un men­songe, j’ai loué les acteurs d’Inception, à l’ex­cep­tion jus­te­ment de la môme chiante qui en rajoute dans le dra­ma­tique et qui heu­reu­se­ment n’a qu’un rôle mineur.