Alerte à Malibu

de Seth Gordon, 2017, **

C’est l’his­toire de Bogosse, et Bogosse, il est trop cool. D’abord, il est cham­pion de nata­tion, ensuite, il a une grosse moto, enfin, il a une coupe de sur­feur. Condamné à une peine d’in­té­rêt géné­ral, il est envoyé chez Badass et ses Badassettes, les sur­veillants de bai­gnade, qui eux aus­si sont trop cool : Badass, il a plein de muscles, il nage avec une com­bi mou­lante et il fait du jet-ski ; les Badassettes, elles ont plein de jambes, elles courent au ralen­ti avec des maillots mou­lants et elles ont des bouées en forme de bal­lon de foot­ball américain.

Badass et ses badas­settes. — pho­to Frank Masi pour Paramount Pictures

Et comme chaque année, Badass orga­nise des sélec­tions pour deve­nir sur­veillant de bai­gnade. Boulet, qui n’est bon à rien, s’y pré­sente parce qu’il est amou­reux d’une badas­sette ; évi­dem­ment, Badass le prend parce qu’il a une bite énorme qui passe pas dans les tran­sat, par­don, parce qu’il a de la volon­té le petit. Quant à Bogosse, il est trop cool pour s’a­bais­ser à pas­ser les sélec­tions, alors il fait un tour sur sa moto pour mon­trer tel­le­ment qu’il est beau avec sa coupe de sur­feur. Et là…

Et là, Bogosse arrive juste à bou­siller une bécane et à ridi­cu­li­ser tout le monde.

Vlan.

C’est le moment où on se rap­pelle que Seth Gordon, s’il ne fait pas tou­jours dans l’é­lé­gance, sait gar­der un second niveau de lec­ture pour remettre en pers­pec­tive ses propres paro­dies. Du coup, après un quart d’heure où Bogosse est aus­si éner­vant que Coucourge, Seth le retourne comme une crêpe pour le ren­voyer à la réa­li­té : c’est un putain de petit sno­bi­nard dix fois pire que Boulet. Bon, on n’i­ra pas jus­qu’à remettre en ques­tion le sta­tut de dieu vivant de Badass, rôle aus­si fine­ment écrit que celui du même acteur dans San Andreas ; cepen­dant, à l’heure du bilan, les scé­na­ristes et le réa­li­sa­teur auront beau­coup joué avec les cli­chés et désa­mor­cé les réflexes scé­na­ris­tiques du genre : sachons-leur en gré.

Je suis mau­vaise. Mon actrice aus­si, tou­jours. — pho­to Paramount PIctures

Bon, bien enten­du, ils ne vont pas jus­qu’à faire de Alerte à Malibu un film tota­le­ment ori­gi­nal, et la trame glo­bale est aus­si conve­nue que les pres­ta­tions des acteurs — culmi­nant avec l’i­né­vi­table moment où Boulet se tape la badas­sette de ses rêves.

Mais le film reprend suf­fi­sam­ment le maté­riau d’o­ri­gine (une série pour­rie des années 90), prend suf­fi­sam­ment de recul pour s’en moquer, est suf­fi­sam­ment ridi­cule et assume suf­fi­sam­ment son ridi­cule, pour fina­le­ment faire pas­ser un bon moment à ceux qui ont sur­vé­cu aux séries pour­ries des années 90. Ça joue exclu­si­ve­ment sur l’ef­fet made­leine, mais c’est fina­le­ment une bonne suc­ces­sion à Point break — extrême limite, à Alerte à Malibu , à Sauvés par le gong et autres trucs cali­for­niens de l’époque.