Alex, le destin d’un roi
|de Joe Cornish, 2019, **
Imagine une seconde. Tu as douze ans. Tu es fan des chevaliers de la Table ronde, tu rêves de combattre des dragons épée au vent, mais tu es enfermé dans ton collège de luxe du centre de Londres. Alors, qu’est-ce que tu fais ?
Tu écris des fanfictions.
Tu ponds des histoires où tu es la réincarnation d’Arthur, où tes amis deviennent Lancelot, Perceval et Merlin, et où ta prof d’anglais prend la place de Morgane. Où Excalibur apparaît dans le béton d’un chantier.
C’est normal, tout le monde fait ça. Et puis, à seize ans, les gens normaux découvrent Urgences et décident de devenir toubib, ou bien La vie scolaire leur fait prendre un prof pour héros, ou encore ils lisent Dans la combi de Thomas Pesquet et se voient autrices de BD. Et à vingt ans, ils se lancent en politique ou font une fac de droit, mais ce sont encore d’autres histoires. Bref, en vieillissant, les fanfictions sont une page qu’on tourne, quoi.
Joe Cornish, lui, n’a pas tourné la page. À cinquante ans, il continue à écrire des fanfictions basées sur les légendes arthuriennes, dont un lui de douze ans est le héros.
En soi, c’est pas très grave. Il ne fait de mal à personne, après tout. Le problème, c’est qu’il a convaincu une équipe de producteurs, et que du coup, il a pu faire de son délire de jeune adolescent un vrai film, sorti en salles et tout.
Au fait, ça, c’est l’impression que j’avais en sortant de la salle. Mais si j’en crois Allociné, c’est un peu comme ça que ça s’est passé en vrai. Il a juste fantasmé sur Excalibur sortant de la baignoire avant de décider de la faire apparaître dans un chantier.
Alors c’est pas méchant, c’est pas forcément mal foutu, c’est pas mal rythmé et c’est pas catastrophiquement joué. Le gros bug, c’est que l’auteur aurait été bien inspiré d’écouter en cours de physique, ça lui aurait évité de coller une éclipse solaire à la pleine lune. Pour le reste, ça tourne avec l’originalité, l’inattendu et l’efficacité d’un coucou helvétique. La morale un peu gnangnan n’empêche pas de presque passer un bon moment, et certaines idées sont amusantes. Mais je pourrais vous raconter la fin que ça ne changerait rien pour vous : vous l’avez déjà devinée.