Jurassic World : fallen kingdom

de Juan Antonio Bayona, 2018, *

C’est l’his­toire d’une jeune prin­cesse, gâtée par un roi mori­bond. L’héritier du trône, vilain assoif­fé d’argent, enferme la jeune prin­cesse dans la plus haute chambre du châ­teau, habi­té de bêtes sor­ties des âges farouches. Heureusement, un prince aux inten­tions pures vient affron­ter les monstres, défier l’hé­ri­tier et sau­ver la princesse.

Sérieux, je plai­sante pas : la seconde moi­tié de ce film, c’est juste ça. Un putain de conte de fées où le seul twist est que le prince vient aus­si sau­ver les dra­gons, enfin, cer­tains d’entre eux.

Et dans la plus haute chambre de la plus haute tour, Princesse attend. — reca­drage de pho­to Universal Pictures

Quant à la pre­mière moi­tié du film, c’est un hom­mage vibrant qui montre que Johnson et les Krafft ne sont pas morts pour rien : on sait désor­mais qu’une nuée ardente, c’est jamais qu’une fumée un peu dense, qui per­met de mas­quer le héros pour trois secondes de sus­pense avant qu’il res­sur­gisse à peine décoif­fé. On sait que la lave, c’est chaud mais quand on met le doigt dedans ça brûle à peine, genre une allu­mette quoi, et que les vol­cans sont gen­tils puis­qu’ils envoient des cou­lées de lave juste au bon moment pour arrê­ter le dino­saure auquel les héros viennent d’ou­vrir la porte.

Si un sis­mo­graphe a, le 12 juin vers 20 h 30, enre­gis­tré un micro-séisme dans la région d’Angoulême, c’est pro­ba­ble­ment ma mâchoire qui tom­bait au sol.

Gentilvolcan en train de sau­ver Heroscretins de Vilaindino. — pho­to Universal Pictures

Faudrait que je revoie les Jurassic park, mais je n’a­vais pas le sou­ve­nir d’un scé­na­rio aus­si aber­rant depuis le troi­sième volume, celui qui com­men­çait avec des gens qui détour­naient un vol tou­ris­tique pour retrou­ver leur fils, dis­pa­ru après avoir fait du para­chute ascen­sion­nel dans le brouillard. Oui, j’ai des rires ner­veux rien qu’en y repensant.

Après, si on veut pinailler, le film place les côtes du Costa Rica à une heure de vol des Rocheuses cali­for­niennes, en Cessna Caravan. Et ledit Cessna Caravan fait un bruit de moteur à pis­tons. Mais fran­che­ment, on va pas aller cher­cher des détails pareils vu le niveau de l’en­semble du scé­na­rio : c’est un empi­le­ment spec­ta­cu­laire d’in­co­hé­rences. J’ai fait tel­le­ment de face­palms durant ces deux heures que j’en suis sor­ti avec le visage tumé­fié d’un adver­saire de Wladimir Klitschko.

Pour les ados des années 90, le fan ser­vice a com­man­dé un car­go de made­leines. — pho­to Universal Pictures

Après, bon, ce petit pro­blème de scé­na­rio mis à part, il faut admettre que le film sait çà et là pro­cu­rer un petit plai­sir hon­teux. Il sait jouer avec les cli­chés de la saga pour éli­mi­ner les méchants avec une petite sur­prise, et cer­taines séquences n’hé­sitent à don­ner dans le gag visuel presque lau­re­le­thar­dyesque. La réa­li­sa­tion est soi­gnée, par­fois superbe, et par­vient à faire pas­ser cer­tains choix scé­na­ris­tiques com­plè­te­ment débiles. Par ailleurs, chan­ger de décor au milieu per­met de renou­ve­ler un peu, vu qu’entre nous, la jungle tro­pi­cale insu­laire, au bout de quatre opus, ça devient las­sant. Enfin, la mul­ti­pli­ca­tion des clins d’œil au pre­mier film assure la satis­fac­tion du fan de base. Bref, c’est de la belle ouvrage.

En somme, le film a en fait un côté tour de Pise : tout est vache­ment bien, sauf les fon­da­tions. Du coup, si vous accep­tez de lais­ser votre cer­veau chez vous et que vous vou­lez juste vous flat­ter les rétines, ça peut être efficace.