Split

de M. Night Shyamalan, 2017, *

On va pas se men­tir : Shyamalan a par­fois de bonnes idées. Et il les exploite sou­vent mal.

Phénomènes, c’é­taient les plantes qui trou­vaient un moyen d’in­fec­ter l’hu­ma­ni­té pour se débar­ras­ser de cette salo­pe­rie ; le début tour­nait cor­rec­te­ment mal­gré quelques lon­gueurs, le milieu se lais­sait regar­der grâce à Zooey, et la fin tom­bait tota­le­ment à plat.

Ceci n’est pas un tra­ve­lo, c’est l’ex­pres­sion d’une per­son­na­li­té fémi­nine. — pho­to Universal Pictures

Split, c’est l’af­fron­te­ment entre les per­son­na­li­tés d’un type atteint de trouble dis­so­cia­tif et les gamines qu’il a enle­vées. Le début tourne bien mal­gré quelques cli­chés (sans doute volon­taires il est vrai), le milieu se laisse voir grâce à James et Anya, et la fin se déroule de la manière la plus pré­vi­sible pos­sible — ce qui est dom­mage pour un thriller.

Piochant des idées çà et là, Split n’ar­rive pas à la ten­sion de Color of night (hélas plus connu pour la bite de Bruce que pour son assez hon­nête scé­na­rio sur la schi­zo­phré­nie) : si la pre­mière par­tie arrive à construire une ambiance, la fin mise trop sur les effets spé­ciaux pour la main­te­nir et tend vers le film d’ac­tion fan­tas­tique. Mais Split s’in­té­resse trop aux mul­tiples per­son­na­li­tés de son anti-héros pour vrai­ment choi­sir le camp du simple diver­tis­se­ment façon Banner vs Hulk. Pour autant, il reste trop cen­tré sur les jeunes filles en fleurs et n’ose pas prendre le temps de creu­ser les per­son­na­li­tés du dis­so­cié ; il ne par­vient donc pas non plus à deve­nir un film psychologique.

Split mul­ti­plie les divi­sions et sépa­ra­tions, mais évite géné­ra­le­ment de les creu­ser… — pho­to Universal Pictures

Être inclas­sable, c’est bien. Mais ce n’est bien que lors­qu’on l’as­sume, lors­qu’on fait volon­tai­re­ment voler en éclats les car­cans des genres. Ici, c’est par mal­adresse que Split n’est ni le thril­ler hale­tant qu’il rêve­rait d’être, ni le film d’ac­tion qu’il aurait pu deve­nir, ni même le teen-movie hor­ri­fique dont il aurait peut-être dû se contenter.

Restent quelques jolies scènes, un beau bou­lot des acteurs, et quelques vraies bonnes idées dis­sé­mi­nées çà et là. Juste ce qu’il faut de bon pour se dire que, fina­le­ment, il y a là-dedans bien du talent gâché.