La folle histoire de Max et Léon
|de Jonathan Barré, 2016, ****
Ils sont deux, ils sont inséparables. Vaguement alcoolos, doucement obsédés, franchement fainéants, dramatiquement maladroits, totalement inconséquents, ils vont dans la vie avec l’enthousiasme catastrophique de chiens dans un jeu de quilles. Mais voilà que vient la guerre, la Seconde plus précisément : mobilisés, envoyés dans les Ardennes avec un régiment de conscrits aussi peu motivés qu’eux, les premières escarmouches marquent pour eux le début d’une cavale qui les mènera en Angleterre, en Syrie (alors l’objet d’une guerre franco-française souvent oubliée), avant de trouver un repos tout relatif en zone libre.
Soyons clairs : c’est très, très, très con. Le scénario est du niveau des personnages, et les personnages n’ont pas la lumière à tous les étages. Mais vu à quel point c’est délibéré, je n’ai guère de doute sur le fait que les auteurs-acteurs verront dans cette affirmation un généreux compliment — car faire volontairement un truc très très très con, ça demande parfois une vraie finesse.
Bien installé dans la tradition de la comédie française, voici donc un film qui renouvelle l’esprit de La grande vadrouille, Les bidasses en folie, Les morfalous et autres chefs-d’œuvre du genre, en y intégrant des recettes plus modernes qui lorgnent du côté des Nuls. Ne cherchez pas trop de cohérence, de vérité historique (encore que de ce côté, c’est pas si mal foutu), de profondeur ou de philosophie : l’objectif est de faire rire à peu de frais, et c’est exactement ce qu’il se passe. On vole donc de gag en loufoquerie au fil d’un scénario souvent cousu de fil blanc (seuls les rebondissements géographiques peuvent être surprenants), mais mené tambour battant et servi par des acteurs qui cabotinent juste assez pour ne pas verser dans l’outrance.
Le résultat n’est clairement pas une avancée majeure de la pensée, mais on passe un très bon moment à regarder ces deux couillons et leurs comparses se promener dans une guerre à laquelle ils ne comprennent rien.