Supernatural (saison 1)
|de Eric Kripke, 2005, ***
D’habitude, avant de parler d’une série, j’attends d’avoir vu tout ce qui est sorti. Mais bon, j’ai mis plus longtemps à finir la saison 1 de Supernatural qu’à me faire l’intégrale de Sons of Anarchy, donc si j’attends d’avoir vu les douze saisons, y’en aura vingt et j’aurai plus de cheveux blancs que Jeffrey Morgan. Oui, c’est vrai, j’ai déjà plus de cheveux blancs que lui. Satanés acteurs, toujours teints et fraîchement coiffés.
En bref, c’est l’histoire de deux frangins qui reprennent le flambeau paternel : buter des monstres — fantômes, goules, démons, esprits vengeurs, sasquatches ou humains utilisant les légendes locales pour maquiller leurs crimes.
Quoique sortie en 2005, la série lorgne de toute évidence sur les grands classiques des années 70 et 80 : le duo automobiliste justicier aux méthodes douteuses, façon Starsky et Hutch (Gran Torino), Shérif fais-moi peur (Charger), K 2000 (Trans Am, qui joue elle-même le deuxième équipier). Ici, le troisième rôle est donc confié à une Chevrolet Impala 67, qui a l’avantage inhabituel d’être une berline — c’est mieux pour les passagers. L’esthétique et la construction des épisodes, très systématique et franchement un poil répétitive, reprend fidèlement les recettes de deux décennies plus tôt.
Le principal trait signalant que la série date du siècle présent est le fil rouge étalé sur tous les épisodes : la recherche du pater puis du démon particulièrement tordu qui semble suivre la famille. Ça, et l’omniprésence des téléphones portables. Mais pour les amateurs d’œuvres suivies et d’arcs narratifs complexes, Supernatural n’est clairement pas à la hauteur ne serait-ce que de Battlestar Galactica ou Urgences — en fait, le parallèle évident, c’est une autre série avec un duo de chasseurs de mystères : Aux frontières du réel.
Finalement, ce n’est pas mauvais, certains passages sont même très très bons (le quinzième épisode, qui sort du moule habituel pour devenir un vrai polar bien noir, mérite absolument d’être vu), et on trouve quelques seconds rôles intéressants dans ce coin de mid-southwest où les frères Winchester traînent leurs guêtres, mais c’est un peu trop répétitif pour séduire au-delà des fans de fantastique. Ceci dit, il paraît que les onze saisons suivantes sont nettement meilleures, donc rendez-vous dans quelques années, le temps que je les voie.