American ultra
|de Nima Nourizadeh, 2015, ***
Le concept du type à la vie de merde qui se révèle être un agent redoutable n’est pas exactement neuf. Celui de l’amnésique qui ne sait pas lui-même pourquoi il sait se battre, non plus. Quant à la CIA décidant d’abattre un des siens, j’en parle même pas.
Avec cette matière déjà vue et revue, Max Landis (scénariste de Chronicle) arrive tout de même à créer une dose d’originalité. D’abord en poussant la logique plus loin : son héros n’est pas un employé de bureau ou un étudiant anonyme, mais un paumé défoncé du matin au soir et pris de crises d’angoisse dès qu’il sort de sa ville, elle-même désespérante bourgade perdue en Virginie-Occidentale. Le méchant est très très méchant et attaque d’emblée avec des moyens démesurés, avec des clins d’œil à plein d’autres films d’action au passage.
Mais surtout, ce qui fonctionne plutôt bien, c’est le duo Eisenberg-Stewart. Le rôle de cette dernière n’est pas tout à fait une surprise et sa révélation est peut-être traitée un peu vite, mais le rapport entre les deux personnages, le looser pathétique spécialiste de l’auto-apitoiement et la fille posée qui le soutient contre toute raison, n’est pas trop foireux et la vie quotidienne du premier quart d’heure est plutôt bien construite.
Bon, après, c’est pas d’une profondeur de pensée inouïe ; on se rapproche en fait assez de Shoot’em up (vous savez, le film où Clive Owen mange des carottes), avec de l’action, de l’auto-dérision, des destructions, de l’humour noir, et un peu d’action pour finir. Le film est assez ordinaire sur le plan technique, avec une photo et une réalisation soignées mais sans flamboyance, et ça manque parfois un poil de maîtrise ; mais ça a le bon goût de ne pas se prendre au sérieux, c’est plutôt fun et marrant, alors pourquoi pas ?